1 avril 2016

Terrorisme en Europe : où est l’Etat ?

Par Aristide Leucate

Horresco referens ! Au dire de France 3 Nord-Pas-de-Calais (28 mars), « ils étaient entre 350 et 500 selon les sources. Tout de noir vêtus, parfois encagoulés, bouteilles de bière à la main, salut fasciste pour certains. Des hooligans venus de plusieurs clubs de foot de Belgique ont pris possession de la place de la Bourse à Bruxelles dimanche, aux cris de : ‘‘On est chez nous, on est chez nous !’’ et de ‘‘ Fuck IS (Islamic State)’’ ». Bigre ! Des supporters plus dangereux que les islamistes qui ont ensanglantés la capitale belge, le 22 mars dernier, à en juger par les propos singuliers du maire socialiste de Bruxelles, « scandalisé de constater que de telles crapules aux visées de nazis viennent provoquer les habitants sur les lieux de leur hommage. C’est une honte pour le pays. Nous avons été prévenus hier par la sûreté de leur venue possible et je constate que rien n’a été fait pour les empêcher de s’y rendre. »

Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon se trouve naturellement dans le viseur d’une opposition avide de rebondir, à peu de frais, sur les tragiques évènements. D’une part, sa démission ayant été refusée par le Premier ministre Charles Michel, le ministre apparaît donc comme bénéficiant de l’absolution des plus hautes autorités politiques du pays, ce qui le fragilise aux yeux de l’opinion publique (et, avec lui, le gouvernement auquel il appartient). D’autre part, Jambon faisant partie d’une coalition improbable issu des élections fédérales du 25 mai 2014, réunissant libéraux (Open VLD et MR), démocrates-chrétiens flamands (CD&V) et nationalistes flamands (N-VA), ravive les craintes d’une crise politique majeure, comme les belges eurent à en connaître ces dernières années, depuis 2008.

On remarquera, toutefois, qu’il y a quelque chose de proprement surréaliste dans la récupération politique des uns, en réponse à la supposée atonie des autres, alors que l’ennemi se trouve en leurs murs, à Molenbeek, Anvers ou ailleurs ! Cette dispute qui, mutatis mutandis, s’apparente à la querelle byzantine du sexe des anges montre que les dirigeants d’hier, comme ceux d’aujourd’hui, sont loin, très loin, d’avoir pris la juste mesure du danger islamiste qui les guette. De Paris à Bruxelles, les mêmes mièvreries de foules sentimentales ahuries communiant contre la « peur », la « haine » et autant de mots creux sans commune mesure avec les maux réels qui gangrènent l’Europe depuis trente ans.

Surtout, l’on reste coi devant l’aboulie des chefs d’États et de gouvernements européens (exception faite de quelques-uns, à l’instar de la Pologne ou de la Hongrie, voire du Danemark ou de la Suède) totalement paralysés entre, d’un côté, les exigences folles d’un État de droit qu’ils ont laissé prospérer sous les auspices d’un activisme judiciaire totalement débridé, et de l’autre, le dogme quasi religieux du « vivre-ensemble », les acculant systématiquement à la politique de l’autruche.

Les mêmes, adeptes du sans-frontiérisme européo-mondialiste, tentent alors de se défausser sur une Union européenne, au nom d’un supranationalisme-Providence, oublieux de leurs propres marges de manœuvre régaliennes. Dans un article paru sur le site diploweb.com (25 mars) le politiste, Pierre Berthelet, relevait cette évidence : « la sécurité relève avant tout de la compétence des États. L’Union européenne peut agir à ce sujet même si sa responsabilité reste limitée en tout état de cause. »

Il serait temps de se réveiller !

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