11 août 2016

Maelduin et les navigations initiatiques des Celtes

Par Nicolas Bonnal

 

Maelduin est un vieil imrama, une navigation hauturière ; ce conte génial est du niveau de L’Odyssée par l’inspiration de ses épisodes.

Maelduin est un enfant caché et réfugié. Il a été élevé par une reine. Il doit venger son père tué par des pirates. Il part en bateau suivant les conseils d’un druide magicien ; il ne part pas à dix-sept, mais à vingt, à cause de trois de ses frères de lait qui montent à bord au dernier moment. D’Arbois de Jubainville relie cet interdit aux nombres celtes et au dépassement ici du double de neuf, nombre bénéfique.

Bien sûr, ces mauvais nombres entraîneront ses péripéties maritimes. Son mauvais départ annonce celui de Perceval, rappelle celui des Grecs partant pour Troie.

Les îles sont de toute sorte. Il y a une île avec des monstres, une autre avec des oiseaux, une autre avec un corps animal tournoyant (chair et os ou peau seule !). Souvenir grec de nos îles fortunées, on trouve des îles aux pommes d’or.

Il y a aussi une île avec une hôtesse remarquable, une autre avec une fontaine nourricière. Des ermites évoquent leur vie auprès de ces fontaines d’immortalité.

Il y a des châteaux énigmatiques : un qui s’agrandit de l’intérieur et nourrit tout son équipage. Un autre doté des métaux à forte signification : or, argent, cuivre, et même verre.

Il y a des gardiens : un chat magique qui réduit en cendres un matelot désobéissant de Maelduin.

Il y a une île de la joie, une autre de l’acédie. Elles jouent sur les humeurs de nos voyageurs. Elles sont peuplées de joyeux et de tristes. Rabelais n’est déjà plus très loin, et son fabuleux livre cinq.

On trouve aussi un moulin effrayant qui moud mystérieusement « tout ce qui cause plainte et murmure » ! Ce moulin crissant annonce Don Quichotte et tous nos temps modernes.

Une île est divisée en quatre par quatre palissades magiques (or, argent, cuivre et verre). Guénon parle de cette division du mystérieux royaume d’Irlande dans son Roi du Monde.

Nous citons : « Cette division de l’Irlande en quatre royaumes, plus la région centrale qui était la résidence du chef suprême, se rattache à des traditions extrêmement anciennes. En effet, l’Irlande fut, pour cette raison, appelée l’« île des quatre Maîtres », mais cette dénomination, de même d’ailleurs que celle d’« île verte » (Erin), s’appliquait antérieurement à une autre terre beaucoup plus septentrionale, aujourd’hui inconnue, disparue peut-être, Ogygie ou plutôt Thulé, qui fut un des principaux centres spirituels, sinon même le centre suprême d’une certaine période. »

Ogygie est l’île de Calypso dont on trouve un écho chez Maelduin.

Maelduin gagne un royaume orné de dix-sept femmes, dirigées par une belle reine veuve qui l’aime. Il reste six mois dans ce royaume où l’immortalité lui est promise, comme dans l’Odyssée. On est dans le Sidh, et il est souvent fait mention de brouillard. Il préfère rentrer et un grand banquet final l’attend au village.

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