20 août 2018

De Cette à Sète avec Georges Brassens, « Le Mécréant de Dieu »

Par Jean-Pierre Brun

Lorsque j’avais vingt ans Georges Brassens était pour moi un chanteur anarchiste de grand talent certes, mais engagé dans toutes les causes à défendre qui traînaient dans les cabarets de la rive gauche… du moins le pensais-je. Une décennie plus tard, le hasard de la vie m’a fait connaître Rolland, un sauteur en longueur, que son ami sétois Éric Battista, lui-même triple sauteur talentueux, avait un jour introduit, à Crespières, dans le cercle intime du célèbre moustachu. Eh oui ! Le sport mène à tout.

Georges Brassens.

Georges Brassens.

C’est grâce à cette rencontre improbable que je découvris la véritable personnalité du faux bourru. Ainsi l’homme qui se disait libertaire et pacifiste, se méfiait-il du militantisme et de la crédibilité des groupuscules qui prétendaient révolutionner le monde. « J’essaie de ne pas me laisser séduire par les slogans. Précisément chacun nous promet un petit paradis » Pour lui « la seule révolution possible, (c’était) essayer de s’améliorer soi-même en espérant que les autres fassent la même démarche ». Et selon lui le monde en vivrait mieux. Cette profession de foi me fit alors mieux comprendre l’amitié qui le liait à Jean Giono lequel refusait la guerre, le fascisme et le communisme (cela lui avait d’ailleurs valu cinq mois de détention à la Libération, d’autant qu’il était le chantre du retour à la terre et du développement de l’artisanat qu’avait prôné le régime de Vichy).

Je découvris aussi la bonté du « Gorille » qui n’hésitait pas à aider financièrement ses amis et qui savait opportunément oublier de se faire régler un cachet à l’issue d’un tour de chant dans quelque maison de jeunes ou autre, en situation financière délicate. Sur ce point le bougre ne manquait pas d’humour. Alors qu’un jour il participait à un débat et que la condamnation du Dieu Mammon venait d’être renouvelée par quelques-uns de ses collègues connus pour « leur engagement révolutionnaire », il susurra de sa voix zézéyante que, contrairement à eux, il faisait payer ses prestations.

Je devais méditer plus tard les curieuses professions de non-foi de ce bouffeur de curé affiché. Certains de ses couplets ne se réfèrent-ils pas à Dieu que ce soit par exemple dans « la chanson pour l’auvergnat » («… qu’il te conduise à travers ciel, jusqu’au père éternel ») ou dans « Les deux oncles » (« vous les heureux coquins qui ce soir verrez Dieu ») Et que penser de sa mise en musique de « La Prière » du poète chrétien Francis Jammes ?

Patachou qui avait contribué à sa découverte osait dire : « Croyant, Brassens l’était sûrement quelque part mais ça l’agaçait un peu de le penser ». D’ailleurs n’avait-il pas confessé que s’il n’était pas certain que l’homme fût éternel, il n’était pas certain non plus qu’il ne le fût pas. Un autre jour alors qu’un interlocuteur venait de conclure une prédication enflammée sur l’inexistence de Dieu par un péremptoire « d’ailleurs ce n’est qu’un mot », Brassens ne put s’empêcher d’ajouter : « Un mot, peut-être, mais quel bien beau mot ! ».

Au lendemain de la mort de sa mère, au moment de son entrée en scène, à « l’Alcazar » de Marseille, il confia à ses proches : « Pour la première fois ce soir elle me voit chanter ».

Quoi qu’il en fût, il repose aujourd’hui sous une pierre tombale dont le seul ornement est une croix.

À relire ses couplets, le temps ayant fait son œuvre, comment qualifier celui qui refusait d’être considéré comme un poète et qui se reconnaissait comme un artisan de la chanson (« Sans technique, un don n’est qu’une sale manie »). Sans outrer le trait on peut dire qu’il apparaît désormais comme un classique, un traditionaliste, voire un réactionnaire.

Sa « tempête dans un bénitier » est significative sur bien des points : « sans le latin la messe nous emmerde […] Ces oiseaux sont des enragés […] Ces corbeaux qui scient, rognent, tranchent, la saine et bonne vieille branche de la croix où ils sont perchés ».

En dépit des apparences Brassens qui aime utiliser les tournures anciennes, inscrit ses vers dans une métrique rigoureuse relevant d’un classicisme incontestable. Mais plutôt que de commenter la leçon de rédaction française qu’il nous donne laissons-lui la parole : « Il faut que mes chansons aient l’air d’être parlées ; il faut que ceux qui m’entendent croient que je parle, croient que je ne sais pas chanter, que je fais des petites musiquettes comme ça. […] Il ne faut pas que la musique affaiblisse le texte. Elle est là pour créer l’atmosphère, planter le décor, soutenir discrètement l’action, sans empiéter, sans se substituer. […] Je ne veux pas faire rire aux éclats, je veux faire sourire. Je suis un ennemi du « langage à signes » ; je préfère suggérer les choses que les dire. […] J’estime qu’il faut en dire peu et permettre à celui qui vous écoute de faire sa fête tout seul. […] Pour pénétrer dans mes chansons, il faut être un peu mon complice ».

Messieurs les slameurs et autres rappeurs, il n’y a plus qu’à…

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