7 février 2018

Charles de Gaulle (1934-1946) au crible du révisionnisme historique

Par Bernard Plouvier

L’on veut, ici, envisager d’un œil critique l’action gaullienne, depuis l’édition princeps du livre intitulé Vers l’armée de métier jusqu’au départ du chef du Gouvernement Provisoire de la République, en janvier 1946, dans un fort vacarme de portes claquées.

Vers l’armée de métier de Charles De Gaulle : 2 éditions différentes…

Vers l’armée de métier de Charles De Gaulle : 2 éditions différentes…

Pour les innombrables hagiographes du Général, cette période est celle du « visionnaire de la guerre moderne, tant admiré à Berlin », du « premier résistant français au nazisme », du « libérateur de la patrie » qui délaisse le Pouvoir, parce que son attachement profond à la démocratie l’empêche de recourir à la force pour libérer la France de l’emprise des politicards de bas étage, dont les communistes et leurs compagnons de route furent indéniablement les pires.

Pour un écrivain d’histoire « révisionniste », un peu au fait des réalités du IIIe Reich et de la IIe Guerre mondiale, cette vision traditionnelle est dangereuse : elle risque de le faire mourir de rire… ce qui, après tout, est plus grave que de se retrouver devant la 17e Chambre correctionnelle de Paris.

En 1934, dans l’œuvre citée plus haut, de Gaulle se fait le propagandiste à la fois des divisions blindées et d’une armée de métier, ces prétoriens dont ne veut presque aucun politicien français. Ni les deux Édouard (Herriot et Daladier), ni Léon Blum n’y sont favorables (en dépit d’une légende contraire). Seul l’avocat d’affaires d’extrême droite Paul Reynaud est emballé.

De Gaulle a emprunté l’idée d’un emploi compact des engins blindés en divisions, qu’il nomme cuirassées ou mécaniques, à divers officiers généraux : le Français Jean-Baptiste Estienne (qui, le premier, l’envisagea en 1917), l’Autrichien Ludwig von Eimannsberger (le véritable inspirateur d’Adolf Hitler, d’Heinz Guderian, d’Erich von Manstein, etc.), les Britanniques Percy Hobart et surtout John-Frederik Fuller (dont les travaux furent très appréciés d’Adolf Hitler).

Le fort beau style de Vers l’armée de métier est la seule originalité de l’œuvre. De Gaulle n’a rien compris au rôle de l’aviation de combat, entrevu par le général Philippe Pétain, en octobre 1917, lorsqu’il a conçu l’attaque de La Malmaison. L’idée fut reprise par les Britanniques en novembre 1917 et, en juillet 1918, lors de l’offensive de la 6e armée de Charles Mangin : ce 18 juillet 1918, sont engagés de façon coordonnée 500 chars et 600 avions, dont le rôle est de mitrailler les troupes allemandes ainsi que de bombarder les zones de concentration d’artillerie et les nœuds de communication.

Mangin ne fait alors que suivre la Directive n° 5, datée du 12 juillet 1918, signée par Philippe Pétain : « La surprise sera obtenue par la soudaineté de l’attaque, soit à la faveur d’une préparation par l’artillerie et l’aviation de bombardement, soit à la faveur de l’action de rupture des chars d’assaut ouvrant la voie à l’infanterie et à l’artillerie. Le rôle de l’aviation est de la plus haute importance. »

Appliqué de façon massive au début d’une guerre, ce principe est le premier fondement du Blitzkrieg, le second étant la destruction au sol de la plus grande partie de l’aviation ennemie et la paralysie des mouvements des unités adverses par un bombardement surprise des aérodromes et des axes de communication. Adolf Hitler et Heinz Guderian ont amalgamé les idées de l’État-Major Général français de 1918 à celles du général italien Giulio Douhet.

Le 6 avril 1935, à l’École de Guerre, le maréchal Pétain, au cours d’une conférence occultée par les bons auteurs, disait : « On peut se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir… La victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action pour anéantir les moyens de l’adversaire. »

En deux phrases, le vieux maréchal en a dit bien plus que tout le verbiage romantique gaullien de l’année précédente.

Dans la vision gaullienne, en effet, l’aviation ne sert qu’à l’épandage d’écrans de fumée pour permettre une progression des chars à l’abri des réactions ennemies, en plus d’être une source d’information (« l’éclairage », en relais de l’obsolète cavalerie).

La Guerre d’Espagne ne change en rien sa conception surannée. C’est la campagne de Pologne, l’automne de 1939, qui lui fait comprendre enfin la nécessité d’une action combinée du char et de l’avion de combat. Faute de soutien aérien, sa 4e Division Cuirassée connaît trois échecs sanglants au mois de mai 1940.

À la fin de la guerre, le général fera paraître une 2e édition de son livre, dans laquelle le rôle de l’aviation de combat sera glorifié, ce qui permettra à ses hagiographes de pérorer sur les « prophéties » gaulliennes !

La monumentale défaite du printemps de 1940 fait la fortune du politicien qui sommeillait (à peine) sous l’uniforme. L’armistice de juin 1940 procure, en effet, au général de brigade à titre temporaire ce dont il rêvait depuis l’adolescence : rendre un service signalé à la France, telle qu’il la rêve. Il devient le premier Français à proclamer qu’il reste en guerre contre l’Allemand, mais ses Forces Françaises Libres resteront toujours squelettiques (60 000 combattants, en plus de quelques dizaines de politiciens, de journalistes et de hauts fonctionnaires).

Ses capacités de manœuvrier politique lui permettent facilement de dominer en Alger Henri Giraud, l’homme des Américains, après qu’un complot aux multiples composantes l’ait débarrassé de l’Amiral de la Flotte, François Darlan.

De son côté, Jean Moulin a joué un rôle majeur dans la légende gaulliste, réussissant à persuader les Britanniques que toute la Résistance intérieure était derrière de Gaulle, ce qui était un pieux, mais énorme, mensonge : les communistes n’obéissaient qu’au Tsar rouge, les socialistes se méfiaient du Général, par ailleurs généralement haï des résistants issus de l’armée. On comprend mieux que, dès qu’il en a eu la possibilité, de Gaulle ait magnifié la personne de Jean Moulin.

En bon nationaliste, de Gaulle déteste les Anglais qui l’ont beaucoup aidé – dans leur seul intérêt, cela va sans dire. Il est repoussé par Roosevelt qui a perçu chez lui un parfait autocrate.

L’été de 1944, moitié par sectarisme, moitié pour complaire à Staline dont il espère le soutien, il laisse le PCF et sa milice ultraviolente des FTP organiser une épuration illégale, au moins aussi coûteuse en vies de Français que l’avait été la répression des actes de Résistance par l’Occupant… faute de statistiques exactes, on pérore toujours sur l’importance numérique des pertes des uns et des autres.

En 1944-1946, de Gaulle démontre qu’il n’est pas un homme d’État. Il ne daigne pas réconcilier les Français, rejetant l’ensemble des pétainistes, dont beaucoup, haïssant les Allemands, avaient tenté de limiter les dégâts durant l’administration de l’État français, parfaitement légale, puisque légitimée par un vote massif des élus Front Populaire, le 10 juillet 1940.

Ce désastre des années 1944-1946 (et même au-delà), subi par la Nation française, est davantage la conséquence de la structure mentale du Général – qui fut un paranoïaque insensible à la douleur d’autrui – que des circonstances de la Libération. Il est à noter, toutefois, que de Gaulle a toujours considéré que les Français, dans leur quasi-totalité, n’avaient rien à se reprocher à propos du génocide d’une partie des Juifs résidant en France, perpétré par l’Occupant…

Ce ratage de 1944-1946 continue d’exercer sa formidable capacité de nuisance. Certains Français en souffrent encore, au moins dans leur amour de la patrie. D’autres habitants de la France, moins attachés à l’honneur de la Nation et de l’État qu’à leurs intérêts personnels, continuent d’exploiter mensonges et légendes, grâce à des lois, iniques comme l’est toute législation de circonstance ou particulariste, et l’on vise singulièrement la loi codifiant une partie de l’écriture historique de cette période, votée à l’initiative du communiste Gayssot, le 13 juillet 1990.

Toute opinion est affaire de point de vue. Envisagée de Sirius, comme eût dit Voltaire, l’action gaullienne de 1940 à 1946 peut sembler une épopée – en miniature, si on la rapporte à l’ensemble de la situation européenne en cette époque de feu et de sang – ou un bel espoir national, irrémédiablement gâché par un chef, certes emblématique, mais très inférieur à son devoir.

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