21 février 2018

Quand le canadien Justin Trudeau fait table rase du passé…

Par Rémi Tremblay

Comme le démontre bien l’histoire du peuple juif, l’histoire et le patrimoine sont des éléments clefs pour assurer une cohésion ethnique. Au-delà de la religion les unissant, les Juifs ont conservé une unité jamais émulée par un autre peuple en serrant les rangs autour d’un narratif parfois fantasmé servant de point de ralliement. Nombreux sont ceux qui, à l’instar de François-Xavier Garneau et Lionel Groulx, voulurent faire de l’histoire un axe central autour duquel s’agglutinerait le peuple canadien-français pour faire face à l’avenir, soudé et conscient de son appartenance à un groupe le transcendant.

Aussi étonnant que cela puisse le paraître, l’histrionique Justin Trudeau est conscient de l’importance de l’histoire et a appris la leçon orwellienne : quiconque contrôle le présent contrôle le passé et quiconque contrôle le passé contrôle l’avenir. Depuis son accession au pouvoir, il a fait de l’histoire une pièce maîtresse de sa gouvernance et cela en deux axes : repentance et effacement.

Comme nombre d’idéologues et comme Macron avec ses discours sur Vichy ou sur l’Algérie, Trudeau jette un regard anachronique sur le passé et juge tout ce qui s’est fait avant de l’œil du bien-pensant postmoderne et « postnational » qu’il incarne.

Il emploie sa grille d’analyse bien à lui – homophile, philosémite, grand remplaciste – et jette un regard fort anachronique sur ce qui fut fait auparavant, s’excusant et demandant pardon à tout un chacun au nom de nos ancêtres qui n’avaient pas eu l’illumination libérale.

Le premier péché de nos aïeux n’est pas la colonisation ou l’ethnocentrisme, mais bien celui de ne pas partager la vision marxiste culturelle du Premier ministre canadien. Non seulement ses idées sont les seules qui valent aujourd’hui, les autres étant de facto moralement inacceptables, mais ce sont aussi les seules qui valent rétrospectivement et le bon peuple doit se sentir coupable de ne pas avoir eu la clairvoyance d’adopter ces si nobles idéaux plus tôt.

Ainsi, par sa voix, nous dûmes nous excuser de ne pas avoir été plus ouverts à l’homosexualité ; nous devons nous excuser d’avoir voulu protéger nos frontières des Asiatiques qui offraient un « cheap labour » avec lequel les ouvriers canadiens du début du siècle dernier ne pouvaient faire compétition ; nous devons nous excuser de ne pas avoir été plus accommodants avec les diverses communautés ethniques, bref, nous devons d’abord et avant tout nous excuser de ne pas avoir eu un Justin Trudeau comme Premier ministre depuis 1867.

En plus de cette repentance, il faut effacer de notre mémoire collective tout ce qui pourrait laisser croire que nous n’avons pas toujours professé cette idéologie multiculturaliste qui définit le Canada de Trudeau.

Les traces d’une dissidence passée aux idéaux actuels doivent être gommées ; il faut faire table rase du passé pour construire un avenir arc-en-ciel harmonieux et pour ça, il faut être les émules des anciens Soviétiques qui, en la matière, étaient assez doués.

Comme Staline qui gommait des photos officielles les personnages tombés en disgrâce, notre illuminé Premier ministre épure des annales les idées et grands hommes ne cadrant pas avec sa vision personnelle. L’hymne national fut donc modifié, du moins la version anglaise, pour retirer le « in thy sons », trop masculiniste et trop « genré », une idée chère à Manon Massé, co-porte-parole du parti néomarxiste Québec Solidaire.

Les noms de John A. MacDonald, Corwallis, Hector-Louis Langevin et autres qui à l’époque ne pensaient pas comme Trudeau pense aujourd’hui doivent être effacés des lieux publics pour disparaître de notre patrimoine – encore un mot qui devra être effacé si on se fie à Massé.

L’objectif est de convaincre les nouvelles générations que le monde fut toujours tel qu’il est aujourd’hui, que les idéaux professés aujourd’hui par une clique minoritaire furent de tous les temps les idéaux dominants.

C’est un totalitarisme total qui cherche même à étendre son pouvoir aux générations disparues ! Ceux qui trouvaient que le fait de prendre des selfies à tout vent était une preuve de l’orgueil démesuré du locataire du 24 Sussex Drive verront leur diagnostic confirmé : quelle outrecuidance que de vouloir imposer son idéologie tant aux générations présentes que celles de demain et celles qui se reposent sous les croix de nos cimetières. Les dictateurs du XXe siècle s’étaient acharnés à dominer la pensée de leurs congénères, rarement celle de leurs aïeux !

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