24 avril 2018

La Nouvelle-Orléans : 300 ans de présence française

Par Euro Libertes

par Christian Daisug.

Dans une aube de jeune printemps, la Nouvelle-Orléans se demande comment elle a pu vivre trois siècles, rester si avenante, si fraîche, si pimpante et traverser d’innombrables épreuves allant d’une bataille contre les Anglais en 1815 à l’ouragan Katrina en 2005 en passant par une occupation espagnole, le commerce des esclaves, sa vente par Napoléon, quatre ans de guerre civile et un nombre incalculable d’épidémies de fièvre jaune et de malaria. Née sans doute sous une bonne étoile, la ville semble persuadée que cette chance inouïe était un dû, une sorte de rançon à sa joie de vivre. Une joie qui maintenant éclate, déborde et subjugue ses 400 000 habitants dont 6 000 parlent encore français. Le 300e anniversaire de la Nouvelle-Orléans tombe le 7 mai. Un seul jour ? Dérisoire pour ces fêtards impénitents. C’est toute l’année 2018 qui sera consacrée à l’événement. On en a déjà eu un avant-goût depuis janvier : Mardi Gras et Carnaval. Et jusqu’en décembre, ce ne seront que défilés, parades, orchestres ambulants, reconstitutions historiques, expositions dans les musées, rencontres internationales. De la couleur, du bruit, du folklore. Tous les folklores réunis. Cette ville, capitale du jazz, qui a toujours vécu au présent, opère un brusque retour sur son passé. Il l’impressionne et la flatte. La Nouvelle-Orléans s’embrase. Le bonheur est communicatif.

Histoire et élégance

Ce bonheur est presque entièrement contenu dans un écrin : the French Quarter – le quartier français. Un écrin de verdure, d’histoire et d’élégance. Figurez-vous deux terrains de football mis bout à bout et quadrillés de rues coupées à angle droit qui, sur un côté, s’enfoncent dans la berge limoneuse d’un Mississippi languissant et superbe. Non loin du fleuve, une magnifique statue équestre de sainte Jeanne d’Arc et une imposante cathédrale dédiée à saint Louis. Partout, l’architecture heureuse mêle l’allure d’un grand siècle, la chaleur intimiste des tropiques et la complicité permanente du voisinage. Un écrin avec sa dentelle et ses rubans. Sa dentelle, ce sont les merveilleux jardins intérieurs. Cachés du passant, ils s’offrent à la vue du visiteur dès qu’il dépasse le salon et plonge dans des baies vitrées pour s’enchanter de cascades de fleurs, d’allées verdoyantes, de bancs flanqués de jets d’eau. Quant aux rubans, ce sont les curieux balcons suspendus. Chaque maison de deux ou trois étages s’en trouve cernée comme si on avait voulu projeter vers l’extérieur l’existence intime d’une famille. Balcons imposant sertis tout le long de motifs colorés et renforcés de distance en distance par des colonnes de fer forgé qui montent en torsade du trottoir jusqu’au toit. L’ensemble offre le visage d’une France du bout du monde. D’autant que les rues s’appellent Bourbon, Orléans ou Royale.

Royale

Royale, la Nouvelle-Orléans le fut en ce 7 mai 1718, lorsque Jean-Baptiste Le Moyne, Sieur de Bienville, plante sur un vague marécage le drapeau fleurdelisé au nom du régent Philippe II, duc d’Orléans. Au début simple comptoir de la Compagnie du Mississippi, la ville d’un millier de colons, de marchands et de militaires devint vite la capitale de la Louisiane. Adrien de Pauger dessine un damier symétrique et fixe l’emplacement des maisons, de l’église, des bâtiments du gouverneur et des casernes. Sur les quais, on établit les magasins, un hôpital et le couvent des Ursulines. Problème : manque de femmes. Car l’objectif de Versailles est une colonie de peuplement – comme le Québec. En quelques années, arrivent près de 2 000 filles de la cassette : des pauvrettes, des orphelines, quelques prostituées, ainsi nommées parce qu’on les avait pourvues d’un trousseau payé sur les deniers de la cassette royale. En 1733, la Nouvelle-Orléans a déjà une solide réputation de centre commercial – elle exporte des peaux, de l’indigo, du tabac – et d’une ville souriante, joyeuse avec ses fêtes, ses danses et sa cuisine savoureuse.

Lorsqu’en 1762 la colonie est cédée à l’empire espagnol, la Nouvelle-Orléans, avec ses 3 850 habitants, est une ville à 80% francophone. Elle possède un théâtre construit par Jean-Baptiste Le Sueur Fontaine et aura plusieurs journaux dont Le Moniteur de la LouisianeL’Ami des lois et L’Abeille de la Nouvelle-Orléans. Durant trente-huit ans, les Français harcèleront les envoyés de Madrid afin de retrouver leur ancien statut. Chose faite en 1800, pour trois ans seulement. En 1803, Napoléon vend la Louisiane qui devient territoire des Etats-Unis. Mais la langue française a encore de belles décennies devant elle. En 1810, la Nouvelle-Orléans compte 25 000 habitants, dont 3 200 anglophones seulement. La suprématie du français persistera jusqu’à la guerre de Sécession, qui marque l’amorce de son déclin. Mais si la langue a presque disparu, elle a eu le temps d’imprégner les esprits d’un certain charme, les mœurs d’une certaine douceur de vivre. La Nouvelle-Orléans, c’est le slogan des flâneurs, « Laissez le bon temps rouler », c’est le Natchez, bateau à roues à aubes qui fait des ronds sur le Mississippi, c’est le vieux tramway de la rue Saint-Charles, c’est le cimetière Saint-Louis avec ses tombes-monuments du XVIIe siècle, c’est le Café du Monde avec ses beignets, c’est sa cuisine cajun pimentée – écrevisses d’eau douce et haricots rouges –, c’est Sidney Bechet et Louis Armstrong, natifs de la ville. La Nouvelle-Orléans, c’est la nostalgie à chaque coin de rue.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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