20 février 2018

Nicolas II, l’autre monarque-fossoyeur de droit divin

Par Bernard Plouvier

L’aléa existe en politique comme en astronomie ou en physique. Et il se révèle toujours catastrophique pour la Nation qui en est victime.

Le Tsar Nicolas II de Russie.

Le Tsar Nicolas II de Russie.

Le royaume de France, de 1774 à 1785, ou l’Empire russe, de 1894 à 1914, étaient en pleine mutation politique, économique et sociale. Tout permettait d’envisager une évolution brillante, dans le calme : rapide début de l’industrialisation, patriotisme exacerbé qui unissait la quasi-totalité du peuple, quelques ministres réformateurs, dévoués à la chose publique.

Hélas survint la même calamité humaine dans les deux États : un autocrate mou, irrésolu, dépourvu de volonté, marié à une imbécile haïe du peuple, le couple de monarques laissant s’agiter les ambitieux. Il a suffi d’un crétin ignare (Nicolas II) et d’un bonhomme intelligent et fort instruit, mais d’une faiblesse coupable (Louis XVI), pour modifier le cours logique des choses.

Tous deux, monarques de droit divin, étaient convaincus d’être guidé par l’esprit saint. C’est le genre de délire qui ne pardonne pas lorsqu’on est faible et environné d’ambitieux très agressifs.

Les malheurs lors des fêtes de leur mariage (une catastrophe, liée à une mauvaise préparation des réjouissances populaires, engendrant des morts par dizaines), les rumeurs d’adultère, la haine pour l’étrangère seront identiques dans les deux cas. Marie-Antoinette est surnommée « l’Autrichienne » par les tantes du roi, vieilles filles desséchées de Louis XV. La dernière tsarine, Alix (Alexandra) de Hesse-Darmstadt, est détestée de sa belle-mère Marie de Schleswig-Holstein, fille de Christian IX de Danemark, chétive épouse du colossal Alexandre III, qui, sans être une lumière, n’était pas le crétin que sera son fils.

Dans une cour de géants, Nicolas est un gringalet, ressemblant fort à son cousin George V de Grande-Bretagne, aussi idiot que lui, mais « admirablement conservé dans l’alcool » (selon la formule d’Aristide Briand, in Cornu, 1976) : George est le fils d’Alexandra, sœur de Maria. Les deux sœurs communient dans la haine des Allemands, depuis la guerre de 1864, durant laquelle l’armée prussienne a rossé l’armée danoise et conquis le Schleswig-Holstein.

Nicolas II est un parfait imbécile, manipulé par une épouse hystérique et tendrement aimée. Son règne semble très bien débuter. L’empire russe est allié, depuis 1892-1893, à la République française. Né en 1868, devenu empereur en 1894, Nicolas II est un ignorant, très conformiste, mais aussi très influençable, lorsqu’on lui parle de la divinité : ce fanatique religieux estime que rien n’arrive jamais sans le consentement de dieu et se montre fataliste (Alexandrov, 1968). Il affirme à qui veut l’entendre que son unique but est de léguer à l’héritier du trône une Russie identique à celle dont il a hérité (Bompard, 1937).

Sur le plan international, le tsar semble réussir un coup de maître, mais comme tout ce qu’il entreprend, la réalisation sombre dans le ridicule. Après une tentative avortée l’été de 1898, du fait de la mauvaise volonté des gouvernements français, britannique, italien et austro-hongrois, Nicolas est l’initiateur des deux Conférences de La Haye consacrées à l’affermissement de la paix en Europe, au gel des armements et à la protection des civils en cas de guerre. La première, menée du 18 mai au 29 juillet 1899, n’accouche que de déclarations hypocrites des signataires de 28 États. La seconde, en 1907, ne fera pas mieux. La Cour internationale d’arbitrage ne sera jamais consultée que pour des affaires mineures, n’engageant que de petits États, trop peu riches pour se payer une belle guerre.

Très vite, les choses se gâtent à l’intérieur de l’Empire, du fait de la multiplication des attentats perpétrés par des révolutionnaires marxistes et des anarchistes, dont les mouvements sont trop faiblement réprimés. Une guerre malheureuse va servir de détonateur.

Durant les années 1902-1903, le ministre russe des Affaires étrangères Wladimir Lambsdorff s’est abouché avec son homologue austro-hongrois Agenor Goluchowski, pour rapprocher les deux Empires. Il exige et obtient le calme à Belgrade où règne l’austrophile Alexandre Obrenovic, mais n’obtient pas la même discipline du tsar de Sofia, Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, qui rêve d’une grande Bulgarie. Lambsdorff tente vainement de faire abandonner l’expansion russe en Corée, ayant perçu l’animosité japonaise. En 1900, officiellement pour aider à la répression de la révolte des Boxers, le tsar a envoyé un contingent russe à l’armée dirigée par le Feldmarschall allemand Alfred von Waldersee. Sous couvert de coopération internationale, des troupes russes ont été envoyées en Mandchourie et en Corée du Nord, ce qui a fâché le gouvernement nippon.

Le 30 janvier 1902, le gouvernement britannique, en conflit avec l’Empire russe en Perse, au Tibet et en Afghanistan, a versé de l’huile sur le feu en scellant une alliance militaire avec le Japon, dont les cuirassés ont été construits dans les chantiers navals britanniques, grâce au soutien bancaire de la City (Docherty, 2017). Le 7 janvier 1904, le gouvernement japonais rompt les relations diplomatiques avec l’Empire russe et, le 8 février, la Flotte nipponne attaque, en rade de Port-Arthur, l’escadre russe d’Extrême-Orient, ce qui émeut les Français et comble d’aise les Britanniques (Bompard, 1937).

La tension majeure entre les gouvernements de Londres et de Saint-Pétersbourg explique le tir d’intimidation de l’escadre russe en Mer du Nord, au mois de septembre 1904, contre une flottille de pêche anglaise, qui passera, diplomatiquement, pour une méprise (Bompard, 1937).

La guerre tourne au désastre terrestre et naval pour les Russes. Au Traité de Portsmouth, signé le 5 septembre 1905, les Japonais reçoivent des Russes le Sud de l’île de Sakhaline, que « Staline » reprendra en 1945. En 1907, Russes et Britanniques se partagent les zones d’influence au Tibet, en Perse et en Afghanistan. Le Japon annexe la Corée en 1910. Les maîtres sont contents, mais le peuple russe se sent humilié.

L’analyse de la défaite, fort bien réalisée par divers inspecteurs militaires, dénonce l’amateurisme, le sybaritisme et les querelles de Divas des généraux et amiraux russes, ainsi que l’ignominie du comportement des fournisseurs aux armées (Alexandrov, 1968). Les conseils avisés ne sont guère suivis d’effets. De son côté, ébahi de la défaite russe face au « petit Japon », l’ambassadeur de France Maurice Bompard, en poste à Saint-Pétersbourg de 1903 à 1912, conseille d’investir désormais de façon beaucoup plus modérée en Russie (Charles-Roux, 1956).

Pour éviter une nouvelle déconvenue militaire, Serge de Witte, un germano-balte, recommande d’élargir au Reich l’accord franco-russe, ce qui est utopique, et propose au tsar de réunir une assemblée élue au suffrage universel : une Douma. Par ailleurs, de Witte rattache le rouble à l’étalon-or (ce qui ravit d’aise les humanistes de la City) et stimule la construction de voies ferrées (même remarque), ce qui va doubler la longueur du réseau en un peu moins de dix années. Le plein-emploi dans les villes industrielles en sera assuré.

(à suivre)

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