12 juillet 2016

L’Europe : une civilisation chrétienne ?

Par Richard Dessens

Il a fallu mille ans à l’Église pour imposer le christianisme à l’Europe entière, tant la révolution fondamentale qu’elle proposait s’opposait aux concepts traditionnels des sociétés européennes.

« Le Verbe s’est fait homme » donnait un autre sens au sacré et à la politique. L’idée a scandalisé en son temps les vieux Romains. Le « Rendez à César… » dissociait en apparence le religieux du politique, notion inconnue des sociétés naturelles européennes, et sapait l’autorité de l’État pour mieux l’accaparer peu à peu. La notion de « péché » remplace celle de l’honneur. L’humanisme et la compassion sont en germe dans le christianisme, avec l’individualisme et la déliquescence des valeurs fondamentales de l’homme et des religions naturelles.

Enfin le libéralisme politique puis économique, héritier de l’humanisme – ou se servant de lui – exacerbe l’individualisme et ouvre la porte à la toute-puissance de l’homme par-delà la nature et son droit. C’est ainsi que l’homme se croit enfin l’égal de Dieu. Notre monde occidental dominé par la pensée chrétienne, miné par ses valeurs, renonce à son identité au nom d’un cosmopolitisme stoïcien préchrétien suicidaire.

Le Pape François par ses déclarations récentes sur le devoir d’accueil de l’Europe des flux migratoires est dans la parfaite lignée de la pensée chrétienne fondamentale et son idéal de mixité. Évoquer même les questions identitaires sera bientôt sans objet tant les mélanges interraciaux auront enfin atteint le but suprême d’une seule race humaine telle qu’il est légal seulement d’en parler.

En revanche, il est intéressant de parler de « civilisation chrétienne » de l’Europe si l’on considère la formule sous un angle politique et juridique. L’Église s’est glissée dans le moule de l’État romain à la faveur de sa décadence dont elle ne fut que l’un des aspects. Elle eut le grand mérite de perpétrer le legs juridique et politique romain, même en l’amendant parfois en sa faveur. Ce qu’on a appelé l’« augustinisme politique » et le conflit théologico-politique jusqu’au XIVe siècle est une lutte pour le pouvoir. Tous les pouvoirs : spirituel et temporel. Ce qu’on reproche à l’Islam d’aujourd’hui – la confusion du temporel et du spirituel – a été la règle en Europe jusqu’au moins la Révolution bourgeoise de 1789, et peut-être même jusqu’en 1905 pour la France.

Le second point qui retient l’attention est à la fois la mesure de la difficulté à imposer sa conception de l’homme à l’Europe, mais aussi le maintien – totalement travesti certes – des traditions naturelles européennes. Même les plus ténues enfouies dans l’oubli organisé. La plupart des grandes fêtes chrétiennes sont la récupération des grandes fêtes de la religion naturelle : Noël (Solstice d’hiver ; Jésus n’est pas né le 25 décembre !), La Saint Jean (aujourd’hui laïcisé en fête « JackLangesque » de la musique !) est la grande fête du Solstice d’été, Pâques et bien d’autres évènements. Les lieux du culte « païen » ont été simplement réadaptés à la nouvelle religion. Bref, tout a été mis en œuvre pour changer de religion sans changer les habitudes, mais tout en instillant des comportements et des attitudes à l’opposé de ceux de l’ancienne religion naturelle.

Le christianisme, religion révélée, n’est pas une religion écologique, loin de la nature par nécessité de contraste et même par idéologie. Il est surprenant que nos écologistes ne militent pas à la résurgence des religions traditionnelles dans lesquelles ils trouveraient un substrat spirituel mobilisateur. Ceci dit on peut le faire sans eux, la véritable écologie étant une philosophie qui a peu à voir avec les choix politiques et idéologiques des prétendus écologistes d’aujourd’hui.

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Philippe Randa,
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