20 juin 2016

L’art de la sémantique judiciairement incorrect

Par Richard Dessens

 

Combien de fois a-t-on pu entendre lors de débats ou dans la presse, de la part des intellectuels avisés et des journalistes : « Ce que vous dites n’est pas une opinion mais un délit », coupant ainsi court à tout débat. Bien sûr, le vieux « délit d’opinion » n’existe pas dans les démocraties abouties qui sont les nôtres. Alors on a tourné la difficulté en légiférant. Ainsi, en effet, on ne peut plus parler d’« opinion » quand nombre d’opinions sont judiciarisées. On a dépassé le stade du « politiquement incorrect » en instituant le plus commode « judiciairement incorrect ». Plus efficace aussi car sanctionnable concrètement. Les démocraties modernes ont ceci de remarquable : il leur faut toujours un habillage légal pour imposer leurs visions des choses. Les Parlements agissent donc pour faire taire tout droit de s’exprimer en-dehors des versions officielles de la bien-pensance. On y ajoute la pincée traditionnelle du rappel aux « valeurs républicaines » dont personne ne sait précisément ce qu’elles recouvrent ou plutôt ce qu’on veut leur faire dire, et le tour est joué.

Cette judiciarisation de la liberté des débats a tout de même quelques relents de bonnes vieilles dictatures à l’ancienne qui ne faisaient pas autre chose. Ah ! Le bon vieux temps des grands procès soviétiques. À quand l’internement en hôpital psychiatrique pour opinion délictuelle ? D’ailleurs et juste pour l’anecdote, il est envisagé pour les « délinquants de la route » (ceux qui roulent à 135 au lieu de 130 sur autoroute donc) après 3 stages de récupération de points toujours infructueux, qu’un entretien avec un psychologue commence la rééducation de ces délinquants « asociaux ». C’est un tout petit début, mais qui rappelle d’autres méthodes du passé et peut-être celles d’un futur qui n’existaient que dans les ouvrages de science-fiction du « meilleur des mondes ».

Il est ainsi délictuel, dans la plupart des pays européens, d’avoir des opinions ne serait-ce que nuancées sur :

  • L’homosexualité institutionnalisée
  • La IIe Guerre mondiale
  • Le racisme et l’antisémitisme
  • La colonisation
  • Les statistiques ethniques
  • Les religions (sauf christianisme qui est assimilé à toutes les horreurs de notre histoire : guerres, colonisations, antisémitisme, etc.)
  • L’identité des peuples (car assimilée aux thèmes précédents)
  • Et tant d’autres dès lors qu’un rapprochement avec les thèmes précédents est effectué.

Pour faire court, l’essentiel des grands sujets de société, de notre histoire et des idées politiques est frappé d’interdit de près ou de loin et sujet à des plaintes devant les juridictions pénales où les juges appliqueront avec la plus grande sévérité la loi après une interprétation parfaitement impartiale des faits ou des propos attaqués. Bien entendu.

Vous avez aimé cet article ?

EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Partager :