8 mars 2017

Pour François Hollande, la « menace » demeure la Russie…

Par Nicolas Gauthier

 

François Hollande tenterait-il de mettre en œuvre en quelques semaines ce qu’il n’a pas su faire en près de cinq ans ? Soit une politique européenne digne de ce nom. Non.

Lundi 6 mars, petit sommet européen au château de Versailles, à l’occasion duquel le président François Hollande entend « relancer l’Europe par la défense » ; en effet, il n’est que temps et il n’aurait pas été inopportun d’y songer avant. Car deux périls menaceraient l’Europe : l’élection de Donald Trump à la Maison blanche et cette Russie entendant « s’affirmer comme une puissance »… Bref, on ne lui avait rien dit et tout lui était caché.

Cité par Libération, François Hollande : « La méconnaissance de ce qu’est l’Union européenne manifestée par le président américain oblige précisément l’Europe à lui démontrer sa cohésion politique, son poids économique et son autonomie stratégique. »

Voilà qui démarre déjà sous les plus funestes augures. « Cohésion politique » ? On imagine qu’il s’agit d’une blague. « Poids économique » ? Cela paraît relever de la farce, la zone euro étant à la traîne de l’économie mondiale, hormis la traditionnelle exception allemande. « Autonomie stratégique » ? Là, tout cela relève du gaz hilarant considéré comme arme de destruction massive, sachant que la majeure partie des chefs d’États européens, n’ont qu’une peur, celle consistant à voir Donald Trump en finir avec une défense européenne payée par le contribuable américain.

Coûteuse défense censée nous défendre contre qui, au juste ? Contre des Iraniens prêts à nous envahir ? Des reîtres de l’État islamique pas loin de parachuter leurs troupes d’assaut à Bobigny ? Des Nord-Coréens creusant des tunnels sous celui du Mont-Blanc ? Ou contre les Cosaques bientôt censés installer leurs campements sur les grands boulevards, offensive pronostiquée par une certaine droite française, à quelques jours du 10 mai 1981, tandis qu’une certaine gauche, toute aussi française, attendait un coup d’État à la Pinochet ?

L’hypothèse moscovite paraît être la plus probable dans la cervelle du Résident de l’Élysée : « Moscou utilise tous les moyens pour utiliser les opinions publiques… » Ce n’est certes pas aux Américains que cela pourrait arriver. Mieux, ou pis, il s’agit « d’une stratégie d’influence, de réseaux, avec des thèses très conservatrices sur le plan des mœurs, mais aussi la prétention de défendre la chrétienté contre l’islam ». Une fois encore, ce n’est pas aux USA que de telles prétentions hégémoniques auraient pu être mises en œuvre.

D’ailleurs, cette remarque ne manque pas de sel, venant d’un homme, désigné comme « Young French Leader », au même titre que plus de la moitié de son gouvernement, et désigné à ce titre à rejoindre la très aussi influente French American Foundation, institution un peu plus financée par la CIA que le FSB, naguère plus connu sous l’acronyme de KGB…

Une remarque en appelant une autre, le président Vladimir Poutine n’est jamais parti en guerre contre l’islam, estimant que l’islam fait partie constituante de l’identité nationale de la Sainte Russie : eh oui ! ces populations païennes, avant d’être christianisées au nord, furent d’abord islamisées au sud. Et quand le même Poutine interdit la construction d’une nouvelle mosquée à Moscou, ce n’est pas pour brimer ses compatriotes de confession musulmane, mais juste pour éviter que les wahhabites saoudiens ne viennent bousculer cet ancestral équilibre interreligieux. Mais allez expliquer tout cela au successeur d’un Nicolas Sarkozy, incapable de faire la différence entre sunnisme et chiisme, ne voyant là qu’une banale querelle d’ordre ethnique entre tribus musulmanes…

Au-delà de ces foucades, frappées à la fois du sceau de la bêtise, de l’ignorance et/ou de la désinformation, c’est finalement Marine Le Pen, pourtant donnée par les médias dominants pour la moins expérimentée en matière de politique étrangère, qui trouve les mots justes : « Je vais vous dire quel est le danger pour l’Europe. C’est de mener une guerre froide contre la Russie et de pousser la Russie dans les bras la Chine. Dire que la Russie est une menace, c’est une grosse arnaque ! »

Les plus informés de nos lecteurs auront évidemment remarqué que nombre d’analystes de la CIA – il n’y a pas que des fous messianistes dans cette vénérable agence de renseignement – ne disent finalement pas autre chose.

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Philippe Randa,
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