9 février 2017

Dostoïevski et la prophétie du Nouvel Ordre Mondial

Par Nicolas Bonnal

 

Dostoïevski n’est pas seulement le « plus grand romancier russe du XIXe siècle » des livres scolaires. Il est surtout un visionnaire engagé qui a entrevu le futur cannibale de l’humanité moderne.

Dostoïevski a annoncé dans ses Possédés le bric-à-brac souffreteux de notre enseignement avancé, des magistrats subversifs et de l’avant-garde ploutocratique qui rêve de parade humanitaire dans les soirées milliardaires et philo-entropiques. Notre société ne se renouvelle pas, elle fait du surplace depuis longtemps en fait ; Tocqueville, Edgar Poe, Tolstoï ou Dostoïevski s’en rendirent très bien compte.

Toute cette théologie les pieds dans l’eau aura liquidé notre bonne vieille civilisation en un siècle et demi ; et ce qui reste de Monde Libre n’a qu’à bien se tenir, car le feu nucléaire n’est pas loin. On devient, si l’on n’est pas un dégénéré, une menace pour la sécurité nationale américaine. Brzezinski a tenu en 2015 une conférence en ce sens (je l’ai référencée sur Pravda.ru) expliquant que la Russie menaçait « notre » nouvelle conception de la sexualité.

Et Trump ?

Dostoïevski décrit nûment dans Les Possédés le basculement occidental vers l’adoration du mal à cette époque flétrie ; il écrit : « Le précepteur qui se moque avec les enfants de leur dieu et de leur berceau est des nôtres. L’avocat qui défend un assassin bien élevé en prouvant qu’il était plus instruit que ses victimes et que, pour se procurer de l’argent, il ne pouvait pas ne pas tuer, est des nôtres. Les écoliers qui, pour éprouver une sensation, tuent un paysan, sont des nôtres. Les jurés qui acquittent systématiquement tous les criminels sont des nôtres. Le procureur qui, au tribunal, tremble de ne pas se montrer assez libéral, est des nôtres. »

Les assassins d’Alep sont des nôtres, rien de nouveau sous le sommeil !

En France socialiste (souvenons-nous des Manifs pour tous), frapper la mère de famille, gazer son bébé devenait le devoir du CRS briefé ; tout comme détaler devant les racailles de banlieue et encenser le terroriste bio qui en somme ne fait que son devoir de redresseur de torts.

Et Dostoïevski parle aussi des progrès de la presse libérale et de la nécessaire compréhension des criminels : « Savez-vous combien nous devrons aux théories en vogue ? Quand j’ai quitté la Russie, la thèse de Littré qui assimile le crime à une folie faisait fureur ; je reviens, et déjà le crime n’est plus une folie, c’est le bon sens même, presque un devoir, à tout le moins une noble protestation. »

On connaît tous la longue tirade du Grand Inquisiteur dans Les Frères Karamazov. Mais celle-ci n’est pas mal non plus, qui annonce Orwell, et tout le Nouvel Ordre Mondial anglo-saxon et socialiste bon teint en fait : « M. Chigaleff a étudié trop consciencieusement son sujet et, de plus, il est trop modeste. Je connais son livre. Ce qu’il propose comme solution finale de la question, c’est le partage de l’espèce humaine en deux groupes inégaux. »

Il y aura les illuminés ou l’élite, et les autres baptisés de populistes. Ici Fiodor Dostoïevski annonce les grands romans dystopiques. Il annonce bien sûr Huxley et son Meilleur des Mondes. Il y aura ceux qui vont à Davos (siège de la Montagne magique de Thomas Mann) en jet et ceux qui subiront la mondialisation. Dostoïevski : « Un dixième seulement de l’humanité possédera les droits de la personnalité et exercera une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci perdront leur personnalité, deviendront comme un troupeau ; astreints à l’obéissance passive, ils seront ramenés à l’innocence première, et, pour ainsi dire, au paradis primitif, où, du reste, ils devront travailler. Les mesures proposées par l’auteur pour supprimer le libre arbitre chez les neuf dixièmes de l’humanité et transformer cette dernière en troupeau par de nouvelles méthodes d’éducation – ces mesures sont très remarquables, fondées sur les données des sciences naturelles, et parfaitement logiques. » (p. 520).

L’idée d’une éducation destinée à des abrutis sera décrite dans le libelle sur les armes invisibles.

Dans Les Possédés aussi, Dostoïevski envoie son équipe de pieds nickelés illuminés en Amérique où ils effectuent un stage initiatique. Cela donne la perle suivante où des apprentis célèbrent un millionnaire : « Il a légué toute son immense fortune aux fabriques et aux sciences positives, son squelette à l’académie de la ville où il résidait, et sa peau pour faire un tambour, à condition que nuit et jour on exécute sur ce tambour l’hymne national de l’Amérique. Hélas ! Nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis… »

Car l’Amérique est la puissance mimétique de René Girard, celle que tous doivent imiter. Les illuminés expliquent leur complexe d’infériorité et leur soumission hypnotique : «… nous avions posé en principe que nous autres Russes, nous étions vis-à-vis des Américains comme de petits enfants, et qu’il fallait être né en Amérique ou du moins y avoir vécu de longues années pour se trouver au niveau de ce peuple. »

Tout cela évidemment a un coût : on se fait frapper et exploiter par le plus dur et incompétent des patronats (qui n’hésitait pas à briser les grèves en faisant venir plus d’immigrants européens) : « Que vous dirai-je ? Quand, pour un objet d’un kopeck, on nous demandait un dollar, nous payions non seulement avec plaisir, mais même avec enthousiasme. Nous admirions tout : le spiritisme, la loi de Lynch, les revolvers, les vagabonds » (p. 160).

L’univers des cow-boys ou des gangsters, des stars et des milliardaires fascine déjà : en réalité l’Amérique n’a jamais eu à se forcer pour épater les imbéciles ; et son éducation supérieure fit le reste, en transformant les « élites » mondiales en agents de son empire.

Bibliographie

Dostoïevski, Les Possédés (1872).

William Cooper Smith, Armes silencieuses pour guerres tranquilles.

Nicolas Bonnal, Le Crocodile et Dostoïevski (en PDF sur France-courtoise. info).

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