20 juillet 2018

Le fascisme, une vieille idée neuve ? (II)

Par Aristide Leucate

D’inspiration plus hitlérienne que mussolinienne[1], leur « fascisme sans chef », comme le souligne Paul Sérant, dépassait pourtant ces deux sources, non pas sous la forme d’une synthèse artificielle et bancale, mais sous les rets vifs d’une révolte incandescente contre la médiocrité crasse de leur époque. Les « cathédrales de lumière » des nuits walpurgiennes de Nuremberg les ont éblouis, leur faisant entrevoir, pour certains, la promesse démiurgique d’une Europe qui serait définitivement épurée de ses tares, de ses vices et de toute la gigantesque et affligeante pléthore des imbéciles.

Paul Sérant.

Paul Sérant.

François Bousquet a encore mille fois raison de préciser qu’ils furent des fascistes intégraux : intègre avec leur éthique, entier dans leurs actes de plumes. « Fascistes, ils le furent jusqu’au bout, et on ne peut comprendre leur itinéraire si on oublie le substrat romantique, féodal, prémoderne, aristocratique et antimatérialiste qui les a conduits à faire ce choix ». Et l’on ajoutera élitiste, anti-bourgeois, anticapitaliste, guerrier, viril, vitaliste et juvénile.

Brasillach et Rebatet avaient tourné le dos à l’Action française de Maurras, l’un la considérant comme aimable, mais tiédasse, l’autre la vouant aux gémonies acides de « l’inaction française » et ils furent les seuls avec Drieu La Rochelle à se déclarer fascistes, quand Châteaubriant, germanolâtre en diable, opta pour le national-socialisme, tandis que « ni Abel Bonnard, ni Céline ne revendiquèrent l’une ou l’autre de ces doctrines », relève Sérant.

Tous furent animés du souci ardent de rénover leur pays, entreprise qui passait obligatoirement, pour certains comme Rebatet, Châteaubriant ou Drieu, par une collaboration étroite avec l’Allemagne nationale-socialiste. Mais chacun de son côté développait sa propre « Weltanschauung » fasciste. Brasillach en faisait « la poésie même du XXe siècle ». Pour Drieu, « le ‘‘fascisme’’ a été le camouflage merveilleusement efficace d’une grande poussée sociale petite-bourgeoise (furieusement romantique comme tout ce qui est sorti et sort encore de la petite bourgeoisie tant qu’elle n’est pas morte), qui était l’avant-garde et la véritable entrée en scène de la poussée socialiste ». Tout à sa rage misanthropique, Céline, foncièrement pessimiste tandis qu’avec effroi et colère pressentait-il la seconde guerre civile européenne advenir à grands pas, conjecturait avec prescience que « le pays sera de toute manière anéanti par la disparition des Français. […] De nous, si le mot ‘‘merde’’ subsiste ça sera bien joli. »

Prophétique, il ajoutera, plus tard : « Il n’y a pas de lendemains qui chantent pour la race blanche. Elle a trop fait chier le monde et le monde va la faire chier [2] ». Châteaubriant en tenait, lui, pour un authentique fascisme organique et lyrique que célébrait sa flamboyante Gerbe des forces – dût-il en revenir par la suite. Bonnard, en des termes toujours actuels, fustigeait les « modérés », « ces gens qui, paralysés par la honte de ce qu’ils représentent malgré eux, s’empressent toujours de dénigrer les leurs et de faire l’éloge de leurs adversaires ». Quant à Rebatet, ce « cacographe maniaque, nabot impulsif et malsain » selon Maurras torpillant l’auteur de ce brûlot anti-maurrassien – mais pas seulement – que furent Les Décombres, son anti-démocratisme rougeoyait à l’âtre de « l’Espérance fasciste ».

Une fois refermé ce brillant condensé anthologique de fascisme politique et littéraire, l’on se perd dans un abîme de méditations. Au nom de quel dogme révélé décréterait-on que notre présent n’emprunterait en rien quelques-uns de ses rictus grimaçants à ce passé qu’il renie (« Vichy n’est pas la France ») aussi sûrement qu’il en est son rejeton le plus incontestable ?

Les modérés sont toujours là, plus mous et plus veules que leurs devanciers, la petite bourgeoisie s’est boboïsée, la « merde » a droit de cité. Le monde africain conteste son leadership à la race blanche dans son propre foyer. Rome n’est presque plus dans Rome quand Berlin déverse sur l’Europe des contingents dantesques d’immigrants, nouveaux Panzers de son impérialisme compassionnel.

Alors, il nous revient immanquablement à l’esprit cette proclamation programmatique de Sanders dans Le Hussard Bleu de Roger Nimier : « quand les habitants de la planète seront un peu plus difficiles, je me ferai naturaliser humain. En attendant, je préfère rester fasciste, bien que ce soit baroque et fatigant ».

Notes

(1) Brasillach, Bonnard et Drieu effectuèrent le voyage en Allemagne en octobre 1941 au Congrès intellectuel de Weimar, à l’invitation du Dr Goebbels. Châteaubriant s’y rendra à plusieurs reprises, en 1935, en mai 1937, en août 1938, en 1944.

(2) Entretien accordé à L’Express, le 14 juin 1957.

Le Romantisme fasciste de Paul Sérant (Éditions Pierre-Guillaume de Roux).

Le Romantisme fasciste de Paul Sérant (Éditions Pierre-Guillaume de Roux).

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