22 décembre 2018

Conclusions des enquêteurs internationaux sur le crash du MH17

Par Euro Libertes

par Célia Schmidt, philosophe de formation, passionnée d’histoire et de droit.

Les enquêteurs internationaux rendent leurs conclusions sur le crash du MH17. Pourquoi laissent-ils tant de questions en suspens ?

Le mandat du groupe d’enquête conjoint (JIT), chargé d’étudier les circonstances du crash du Boeing MH17 à l’est de l’Ukraine le 17 juillet 2014, touche à sa fin. Au début de l’année prochaine, les enquêteurs devront dévoiler les résultats de leurs travaux. Mais plus l’enquête avance, plus des questions envers le JIT se posent et plus des doutes concernant leur capacité de désigner les vrais responsables de la mort de 298 passagers s’élèvent.

Le rapport incomplet

Lors d‘une conférence de presse en mai 2018, les enquêteurs internationaux ont présenté des preuves permettant selon eux d’accuser l’armée russe du crash du vol MH17. Dès le début, cette version, qui est d’ailleurs tout à fait plausible, était la seule que le JIT a développée. Les enquêteurs ne devraient-ils pas creuser toutes les pistes ?

Certes, une campagne massive d’informations menée par Moscou freine l’enquête. Mais les membres du JIT, eux-mêmes, donnent des armes à Poutine en ignorant les informations fournies officiellement par Moscou. Ainsi, le rapport du concepteur du missile Bouk, a été rejeté comme étant en porte-à-faux avec la ligne du JIT. Fred Westerbeke, enquêteur en chef, a littéralement déclaré : « Leurs conclusions sont contraires aux nôtres. Nous ne les partageons pas… Je ne veux pas savoir si elles sont correctes ou pas ».

En septembre 2018, le ministère de la Défense russe a tenu, à son tour, une conférence de presse sur la destruction du vol MH17. Se basant sur des documents jusqu’alors « secret-défense », l’armée russe a assuré que le missile « a été assemblé le 24 décembre 1986 et délivré par train » à l’ouest de l’Ukraine.

« Après la chute de l’Union soviétique, le missile n’a pas été rapatrié sur le territoire russe et a été incorporé à l’armée ukrainienne ». Moscou affirme avoir remis ces documents à la justice. Le JIT n’a fait jusqu’à présent aucun commentaire sur les informations qu’il a reçues. Comme si la conférence de presse russe n’avait jamais eu lieu.

« Le travail du JIT est très politisé »

Les experts indépendants dénoncent les méthodes du JIT et étudient d’autres théories plausibles. Ainsi, Max van der Werff, un blogueur néerlandais qui est allé deux fois sur le site du crash du MH17, n’exclut pas plusieurs versions possibles de ce qui s’est passé. Selon lui, l’armée ukrainienne aurait pu tirer le missile par erreur, comme c’était le cas en 2001, où elle avait abattu au-dessus de la mer Noire le vol 1812 Siberia Airlines transportant 76 passagers.

D’après Christian Roger, ancien leader de la Patrouille de France, une autre hypothèse n’est pas à écarter : prise de contrôle de l’unité de véhicules Bouk russe par des militaires ukrainiens connaissant cette technologie, dont ils disposaient.

Le travail du JIT est très politisé, souligne Max van der Werff, car la plupart des pays membres du groupe, notamment les Pays-Bas et l’Australie, historiquement hostiles à la Russie, cherchent tout prétexte pour la critiquer. La Malaisie, pourtant, qui n’est pas si partiale envers Moscou, n’a pas trouvé les dernières conclusions du JIT convaincantes. Pour le ministre malaisien des Transports, Anthony Loke, les preuves recueillies par les enquêteurs internationaux ne confirment pas l’implication de la Russie dans le crash du vol MH17. La Belgique s’est aussi abstenue de commentaires définitifs. Le rapport du JIT s’appuie principalement sur des photos et des vidéos publiées dans les réseaux sociaux et dont personne ne peut valider l’authenticité, évoque l’expert néerlandais. Donc, le JIT ne possède aucun document qu’il peut déposer devant les juges.

Outre cela, Max van der Werff pointe du doigt de nombreux témoignages qui d’une part s’opposent à la ligne officielle du JIT et expliquent d’autre part pourquoi il ne faut pas écarter des versions différentes des faits. Les enquêteurs néerlandais n’ont pourtant pas dévoilé les données que Kiev aurait dû fournir au JIT. Depuis la catastrophe, l’Ukraine, par ailleurs, n’a pas tenu de conférence de presse et n’a publié aucun rapport.

Les détails cachés par l’Ukraine

D’abord, Valentine Nalivaïchenko, le chef du Service de sécurité d’Ukraine (SBU) à l’époque, a déclaré que les séparatistes pro-russes avaient voulu abattre un avion russe pour créer un casus belli et justifier ainsi une intervention de Moscou en Ukraine. Le SBU a ensuite effacé ses propos du site, mais ils sont accessibles via l’archive. Après, le SBU a soumis et tout de suite rejeté l’hypothèse selon laquelle le Bouk ayant abattu le MH17 avait été pris par les rebelles de l’armée ukrainienne.

À ce stade, une question se pose : pourquoi les autorités ukrainiennes qui ont tous les outils pour mener une enquête détaillée et non biaisée n’ont-elles pas présenté de conclusions solides ? Les dernières publications du JIT ne contiennent aucune information concernant les positions des Bouks ukrainiens le jour de l’accident ou des enregistrements des aiguilleurs du ciel. Si les militaires ukrainiens sont innocents, comme Kiev affirme, pourquoi l’Ukraine et le JIT ne dévoilent-ils pas ces données ?

En outre, les experts ont mis en question les affirmations de Kiev sur l’absence de vol de l’aviation militaire le 17 juillet 2014. Les autorités ukrainiennes ont assuré que les forces aériennes du pays n’avaient pas effectué de vol. Pourtant Max van der Werff a pu recueillir des témoignages de gens qui avaient vu des avions de combat voler le jour de la tragédie, pourtant à une si basse altitude qu’ils n’ont pas pu tirer sur le MH17. Mais pourquoi alors le cacher ?

Voici une autre question ambiguë que les Pays-Bas et plusieurs officiels européens préfèrent éviter : pourquoi le pays n’avait pas fermé son espace aérien au-dessus de la zone de conflit ? Certes, il aurait dû le faire dans la mesure où peu avant le crash du MH17 les séparatistes avaient abattu des avions de combat ukrainiens. Le danger pour le trafic aérien était bien évident. Mais Kiev n’aurait pas voulu perdre le profit qu’il tire de la circulation aérienne internationale, ce qui rapporte au moins deux cents millions d’euros par an. Quoi qu’il en soit, l’absence de restriction à l’espace aérien de l’Ukraine s’est avérée une des erreurs fatales ayant mené à la mort des 298 passagers du vol MH17. Amsterdam a même demandé aux familles des victimes de ne pas porter plainte contre Kiev car cela aurait pu torpiller la coopération avec l’Ukraine dans le cadre du JIT, indique le journaliste néerlandais Peter Klein.

Avant que l’on n’obtienne les réponses aux questions posées ci-dessus, l’enquête ne peut pas être qualifiée de non-biaisée car l’Ukraine aussi, comme la Russie, était une partie du conflit qui a entraîné l’accident. Pour déterminer les vraies causes de la catastrophe et rendre un jugement il est indispensable de collecter et d’analyser soigneusement toutes les données fournies par les deux parties. Ainsi, l’enquête est encore loin de son terme. Le mandat du JIT qui échoit le 1er janvier 2019 serait prolongé au moins d’un an.

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par virement bancaire

Titulaire du compte (Account Owner) : EURO LIBERTES
Domiciliation : CIC FOUESNANT
IBAN (International Bank Account Number) :
FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185
BIC (Bank Identifier Code) : CMCIFRPP

2 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

3 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

4 : Faire un don par carte bancaire

Pour cela, téléphonez à Marie-France Marceau au 06 77 60 24  99

Partager :