15 décembre 2016

Cette gauche qui n’aime pas la liberté

Par Olivier Pichon

On le sait, le comportement compulsif anti-libertés de la gauche a quelque chose de congénital, mais, cette fois, cela relève de la haute trahison : à la veille d’être écartée du Pouvoir, la gauche laisse des bombes à retardement. C’est à sa capacité à les désamorcer, sans effet de cliquet, qu’on jugera l’exécutif sorti des urnes au printemps 2017.

On s’interroge sur cette propension à étrangler les libertés, surtout si l’on se souvient des cris d’orfraie de cette gauche dès lors qu’elle est dans l’opposition. La seule explication relève de l’anthropologie : le camp du Bien se vit comme le dépositaire d’un message théocratique dont il a le monopole.

En fait, la pensée socialiste est une pensée « de secte » avec toute la sémantique attachée au phénomène sectaire. Les « autres » sont foncièrement mauvais (le camp du Mal) d’où cette impudence dans la mauvaise foi face au réel. C’est d’ailleurs un paradoxe de notre époque qui prétend ne croire en rien et a rétabli le délit de blasphème, à l’endroit des homosexuels, des musulmans et en général de ce tout ce qui relève du Bien selon le camp ejusdem farinae.

Tout opposant est, virtuellement, un iconoclaste qui brise les images sacrées de l’État distributeur de richesses, du multiculturalisme, de l’antiracisme et de l’amour universel de l’humanité à condition que ce ne soit pas celle de son pays.

On peut d’ailleurs comprendre comment cette « communauté des croyants » développe un préjugé favorable à l’autre communauté, l’Umma des musulmans ; il n’y a pas que de la métaphore dans le propos. Ainsi Charles Gave a-t-il pu comparer le piètre Hollande à un curé défroqué et pleurnichard tandis que Mitterrand demeurait encore au rang d’évêque !

En attendant, voici que nos espaces de libertés se rétrécissent encore un peu, dans au moins quatre domaines : l’enseignement, la liberté d’expression, la libre disposition de ses biens et l’indépendance de la justice.

Sur l’enseignement. Des restrictions importantes sont faites aux parents qui veulent créer leur école, à raison même de ce que l’échec patent de l’Éducation nationale et une certaine docilité de l’enseignement sous contrat favorisent une offre concurrentielle affranchie des programmes édictés par le commissaire politique en jupon Najat Vallaud-Belkacem. La technique est toujours la même le camp du Bien veut notre bien que cela soit dit ! Et, sous couvert de normes sanitaires, de lutte contre les « dérives sectaires », ici la secte du « Temple Scolaire » élimine la concurrence.

La liberté d’expression. Encore une fois, les lois existantes suffisent bien au respect des personnes, mais l’invention de lois spécifiques contre certains « péchés », homophobie, islamophobie, traduit la fin de la distinction d’Abélard entre la loi et la morale, une régression en termes de civilisation. Le juge doit punir le crime, mais pas le péché qui relève du for interne.

Dans le cas de l’avortement, ce n’est pas lui qui est un crime, mais sa dénonciation comme telle, c’est péché que de parler de sa dissuasion !

A-t-on bien mesuré l’invraisemblable stupidité du rapporteur de la loi (qui est d’ailleurs une rapporteuse Madame Coutelle, PS, Vienne) qui vient d’un coup de supprimer l’existence même de toute opposition puisque sa nature est de critiquer une loi, même si cette opposition fut en l’occurrence bien timide.

Atteinte à la liberté d’expression, mais aussi à l’exercice du mandat parlementaire, un beau succès Madame le député !

Sur la libre disposition de ses biens. Déjà avec près de 60 % du PIB qui, à tout le moins, transitent entre les mains de l’État où est notre liberté d’en disposer ?

Mais de nouvelles expérimentations sont en cours, toujours sous le prétexte de la morale, pour nous interdire le cash. Nous sommes en quelque sorte tous des blanchisseurs d’argent sale, pas plus de 1 000 euros en liquide pour payer en France avec obligation de justifier des transferts de fonds égaux ou supérieurs à 10 000 euros vers ou en provenance d’un État membre de l’Union… Et dire qu’on nous a vendu l’Europe comme un espace de liberté !

Et si, d’aventure héritier de votre grand-père, vous voulez transférer 50 000 euros, on ne vous raconte pas les documents à accumuler pour vous justifier et… 50 % de la somme confisquée en cas de défaut, un espace de liberté qu’on vous dit !

Quant à l’indépendance de la justice, cet oxymore le devient plus encore avec la mise sous tutelle de la plus haute juridiction française, la Cour de cassation par un décret du 5 décembre 2016. À l’insu de son président, la Cour est désormais sous le contrôle direct du gouvernement. Montesquieu reviens ! Ils sont devenus fous !

Je propose que le Parti socialiste invite M. Erdogan pour un stage de contrôle démocratique, lui qui ne fait pas dans la dentelle et passe donc pour un dictateur. Il pourrait, en France, prendre des leçons de totalitarisme soft, dont je propose une définition : l’art d’exercer la dictature sans que l’opinion s’en aperçoive. Une grande expertise française !

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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