8 février 2019

Bisbilles en Araucanie – Patagonie

Par Georges Feltin-Tracol

À la fin du mois d’août 1858 arrive dans un port chilien un jeune avoué de Périgueux, Orélie-Antoine de Tounens. Il rêve d’unir sous son autorité les tribus amérindiennes mapuches d’Araucanie ainsi que les indigènes de Patagonie. Deux ans plus tard, il proclame le royaume d’Araucanie–Patagonie dont il devient le premier souverain. Il donne au nouvel État un drapeau, un hymne national, une capitale (Perquenco) et une constitution parlementaire. Ce royaume dure moins de deux ans. Les Chiliens arrêtent Orélie-Antoine Ier qui, une fois libéré, finit sa vie à Paris en 1878.

Cet exemple de cryptarchie bien expliqué par l’historien Bruno Fuligni dans L’État c’est moi (Histoire des monarchies privées, principautés de fantaisie et autres républiques pirates), est cité dès 1973 par l’historien belge Jacques de Launay dans son Histoire de la diplomatie française 1789 – 1914. Cette aventure originale avait déjà été romancée par Saint Loup dans Le Roi blanc des Patagons en 1950 avant que Jean Raspail en fasse un mythe littéraire contemporain avec Le Jeu du Roi (1976) et Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie (1981). Il s’attribue dans Le Figaro du 6 novembre 1981 la charge de « Consul général de Patagonie ». Il s’autorise depuis à décerner aux meilleurs dans leur domaine la nationalité patagonne.

Or, avant de s’éteindre, Antoine de Tounens avait désigné un successeur, fondant ainsi une dynastie élective et adoptive si bien qu’ont régné depuis la France sur de lointaines contrées australes Achille Ier, Antoine II, Laure-Thérèse Ire, Antoine III et Philippe Ier. Si Jean Raspail s’est très tôt écarté des différents rois d’Araucanie – Patagonie pour suivre son propre chemin, cette « monarchie de fantaisie » suscite bien des convoitises. En 2014 meurt Philippe Ier. Le choix du nouveau roi provoque un vif désaccord entre le Conseil de régence du Royaume qui nomme Antoine IV alias Jean-Michel Parasiliti di Para, et Stanislas Ier.

Petit-fils de l’écrivain Jean Parvulesco qui faisait de ses romans une vie, Stanislas Ier Parvulesco s’estime être le seul souverain légitime d’Araucanie – Patagonie. Sensible aux thèses géopolitiques continentales de son grand-père, il se sent proche du néo-eurasisme d’Alexandre Douguine et défend l’homme politique moldave Iurie Rosca, victime de persécutions atlantistes. À la mort d’Antoine IV en 2017, les instances officielles de ce royaume virtuel choisissent Frédéric Ier, Frédéric Luz à la ville. Cet héraldiste réputé de confession orthodoxe écrit chez Pardès dans la collection « B–A-BA » une étude sur l’Orthodoxie. Proche de l’historien royaliste Henry Montaigu, il a animé la revue traditionaliste guénonienne La Place royale. En 1995, il publiait aux éditions Claire Vigne Le soufre et l’encens. Enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents. Il prévoyait alors de rédiger une biographie sur Mgr Pierre-Martin Ngo-Dinh-Thuc, L’Archevêque aux dragons d’or. Mgr Thuc consacra des évêques en rupture totale avec le Vatican conciliaire. Il est savoureux de constater qu’un quart de siècle plus tard, l’auteur se retrouve acteur d’une affaire microscopique.

Ces bisbilles démontrent que le royaume d’Araucanie – Patagonie ne peut être, à l’encontre de ce qu’avance Jean Raspail, une patrie de substitution à tous ceux qui ont « mal à la France ». La rêverie araucano-patagonne est démobilisatrice et impolitique. C’est ici et maintenant en vieille terre française que se déroule le combat et non pas à des milliers de kilomètres des terroirs européens.

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