3 octobre 2016

La Perfide Albion continuera de diviser pour régner…

Par admin

 

Les ministres de la Défense se sont rencontrés à Bratislava et après le Brexit, le Royaume-Uni ose confirmer qu’il s’opposera à toute idée d’une armée européenne. Selon les Britanniques, l’OTAN doit rester « la pierre angulaire de la défense de l’Europe », a déclaré le secrétaire d’État britannique à la Défense, Michael Fallon, le 27 septembre à Bratislava.

« Nous sommes d’accord sur le fait que l’Europe doit faire davantage pour répondre aux défis du terrorisme et de l’immigration, mais nous allons continuer à nous opposer à toute idée d’une armée européenne ou d’un quartier général pour une armée européenne – idée forte de la France -, qui reviendrait simplement à saper l’autorité de l’OTAN », a affirmé Michael Fallon.

Néanmoins, le même jour au même endroit, insistant quelque peu sur les faiblesses européennes en matière de défense (côté UE), le secrétaire général de l’OTAN, d’ordinaire très prudent, s’est avancé un peu vite dans l’affaire en rappelant que « trois des quatre bataillons alliés présents à l’Est étaient dirigés par des pays non-membres de l’Union européenne : les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni… ». Ceci est une autre manière de dire : Exit donc le Royaume-Uni, cela malgré tous les efforts du ministre britannique de la Défense, pour animer les débats et malgré toutes les déclarations contraires de Londres – qui n’a toujours pas déclenché la procédure de départ de l’Union européenne (le fameux article 50). Ainsi donc le Royaume-Uni est déjà « Exit » pour Stoltenberg.

Ce sommet informel qui a débuté le 27 septembre à Bratislava a vu aussi Berlin et Paris y défendre le projet de défense le plus ambitieux de ces vingt dernières années, malgré les réticences des pays de l’est et l’opposition de Londres. Une meilleure coopération en matière de défense est le souhait qui a émergé des réunions des États membres après le référendum du Brexit. Rappelons néanmoins que pour l’heure, Londres a toujours les mêmes droits au sein de l’Union européenne et les conservera jusqu’à sa sortie officielle de l’UE. Notons aussi que la ferme opposition des Britanniques à toute initiative qui pourrait affaiblir l’OTAN est soutenue par la Pologne et les États baltes.

Selon Ursula von der Leyen, ministre allemande à la Défense, « Cette initiative est conçue pour une Europe forte et veut aussi entretenir de bonnes relations avec le Royaume-Uni dans l’avenir, notamment en matière de défense ». Et c’est ici que le paradoxe prend tout son sens, puisqu’il est dit en même temps que cette initiative permettrait à l’UE d’agir sans le soutien des États-Unis en cas de problème à ses frontières, de menaces provenant d’États faillis ou d’une « Russie toujours plus agressive ». Comment agir sans le soutien des États-Unis, tout en rêvant d’accrocher le Royaume-Uni à une Europe de la défense, dont il ne veut pas et qu’il combattra de toute son énergie ? Comment refuser tout rapprochement vital et naturel avec la Russie, alors que la géographie comme l’histoire nous le commandent ? Une Europe de la défense devra-t-elle toujours dépendre de la Pologne, d’un ou deux baltes, alors que ceux-ci n’ont cessé de jeter de l’huile sur le feu, dans le conflit ukrainien ?

On peut désormais s’interroger sur l’intérêt de l’UE à ce que le Royaume-Uni fasse partie de ses partenaires dans ses ambitions militaires ? L’OTAN veut en effet un soutien adéquat et même si le Royaume-Uni voit des aspects positifs dans l’initiative de l’UE, comme les mesures sur le terrorisme et la cybersécurité, le désengagement progressif des USA en Europe, devrait très vite nous faire nous interroger sur le rôle qui pourrait être éventuellement concédé au Royaume-Uni dans la défense européenne, par la France et l’Allemagne.

Certainement le temps est-il venu, compte tenu aussi de l’évolution de la Turquie d’Erdogan, de réfléchir, dans une perspective de défense européenne, comment desserrer les deux mâchoires de l’OTAN, qui exercent une pression infondée et d’un autre temps sur l’Europe : la Turquie au sud et le Royaume-Uni au nord.

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Philippe Randa,
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