2 octobre 2016

Massacres des harkis en Algérie : conséquence d’une ignoble félonie !

Par Jean-Claude Rolinat

 

Le Président de la République, ex-Premier secrétaire du Parti socialiste, locataire provisoire de l’Élysée jusqu’en mai 2017, vient de rendre un hommage solennel – comme par hasard à quelques mois de l’élection présidentielle ! – aux harkis.

Sous ce terme ont été regroupés tous les combattants musulmans de l’Armée française en Algérie française. Mieux, il a reconnu la responsabilité de la France dans les massacres qui ont suivi l’entrée en vigueur des accords d’Évian le funeste 19 mars 1962. Acte paradoxal de la part du Président, alors que son gouvernement a officialisé cette même date honteuse du 19 mars comme celle marquant la fin d’une guerre qui, pendant longtemps, fut maquillée par le terme générique, les « évènements d’Algérie ».

Déjà une nouvelle trahison de cette« Ripouxblique » comme dirait Jean-Marie Le Pen… Toutefois, ne boudons pas notre satisfaction. Par la voix du Président légal, sinon légitime, de l’État français, notre pays reconnait sa responsabilité dans le massacre des harkis perpétré juste après la date d’entrée en vigueur des accords d’Evian, tuerie de masse que l’on s’accorde à chiffrer par dizaines de milliers de victimes dans des conditions monstrueuses (certains avancent le chiffre, énorme, de 150 000 victimes civiles et militaires musulmanes. Cela fait froid dans le dos ! Mais n’entrons pas dans cette sordide querelle des chiffres). Ces exécutions ne sont pas sans évoquer l’actuelle barbarie de Daesch.

« Bon sang (si l’on peut dire), ne saurait mentir » et les tueurs de l’Émirat islamique sont bien les dignes héritiers des assassins du FLN ! (Même « technique » de décapitation). Comment imaginer que des êtres humains se soient acharnés avec une telle violence démoniaque sur « leurs frères » en religion, leur infligeant d’indescriptibles mutilations et que, une fois leur forfait accompli, ils aient pu regagner impunément leurs foyers ?

Et pourtant, la France comme le « Gouvernement provisoire de la République algérienne », l’instance exécutive du FLN, s’étaient engagés par leurs signatures à garantir les droits et libertés des personnes : «  Nul ne pourra faire l’objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d’une discrimination quelconque en raison d’opinions émises à l’occasion des événements survenus en Algérie, avant le jour du scrutin d’autodétermination, d’actes commis à l’occasion des mêmes évènements, avant la proclamation du cessez-le-feu. Aucun Algérien ne pourra être contraint de quitter le territoire algérien, ni empêché d’en sortir »…

Les textes étaient clairs, limpides. Violés dès la première heure de leur prétendue application. VERITAS, le Comité national pour le rétablissement de la vérité historique, s’indigne à juste titre dans son communiqué  du 27 septembre 2016, que « pour l’homme civilisé, un tel acharnement, d’aussi bas instincts, répugnent simplement à être évoqués » et, plus loin, ne comprend pas, ne « s’explique pas de pareilles horreurs perpétrées sur des hommes qui, la veille encore, étaient leurs voisins ou leurs amis. »

La trahison gaulliste – comment désigner autrement la volte-face du premier Président de la Ve République ? – a ouvert la porte aux ouvriers de la 25heure, à ceux qui devaient donner des gages au vainqueur et faire oublier leur attentisme sinon leur collaboration avec la France. L’ignominie a été accomplie par les autorités françaises qui ont menti aux harkis et à leurs familles, les regroupant, puis les désarmant comme pour mieux les livrer aux égorgeurs du FLN.

Heureusement, un grand nombre de cadres a sauvé l’honneur en refusant d’abandonner leurs hommes et a transgressé les ordres reçus. Quels étaient-ils ces ordres ? Rappelons que le ministre Louis Joxe, le père du ministre mitterrandien de l’Intérieur, ministre des affaires algériennes, adressa le l6 mai 1962 le télégramme suivant au Haut-Commissaire de France en Algérie, Christian Fouchet : « Ministre État Louis Joxe demande à Haut-Commissaire rappeler que toute initiative individuelle tendant à installation métropole Français musulmans strictement interdite. En aviser urgence nos chefs SAS et commandants unités. »

Comme les Anglais avec les « Vlassov »…

Peut-on imaginer pire félonie ? Il est vrai, par exemple, que le Royaume-Uni livra des prisonniers de guerre russes de l’armée Vlassov à la vengeance de Staline. Perfide Albion, perfidie gaulliste !

Le voile du silence, le mensonge, recouvrirent un temps, un temps seulement, ces tragiques circonstances tout comme les massacres d’Européens à Oran dès les premières heures de la proclamation de « l’indépendance ».

Les victimes comme les coupables, survivants, ont vieilli. Mais la vérité dans toute sa lumière, exigerait que soit désignés celles et ceux qui ont permis de telles atrocités. Les porteurs de valises du FLN, les terroristes dont les poseuses de bombes, les fellaghas de l’ALN et leurs chefs bien sûr, mais aussi les princes de l’État algérien. Mais surtout, surtout, les hiérarques de l’État français et leurs fidèles subordonnés qui, sans état d’âme, ont accompli l’inimaginable, abandonner des populations à qui l’on avait juré qu’elles resteraient françaises.

Souvenons-nous du fameux « Je vous ai compris » d’Alger et du « Vive l’Algérie française ! » lancé à Mostaganem qui n’auront pas plus de consistance ou de réalité politique que le non moins célèbre « Vive le Québec libre ! » lancé à Montréal quelques années plus tard.

En ces temps d’agitation pré-électoraux, alors que tout le monde, à droite, peu ou prou, se réclame du « gaullisme », n’oublions jamais que la figure tutélaire de la Ve République est responsable, par indifférence ou duplicité, d’une tragédie contemporaine de l’histoire de France.

Déjà, à la charnière des années 40 et 50, notre pays ne s’était pas montré à la hauteur de sa parole vis-à-vis des Indochinois, notamment des populations des Hauts plateaux tonkinois. Moi, par respect de TOUTES les victimes de la guerre d’Algérie et indépendamment de l’inéluctable évolution politico-administrative de ce pays(1), je n’irai pas, comme certains, à Colombey-les-deux-Églises….

Note

(1) Dont le statut « d’association » prévu dès l’annonce du référendum d’autodétermination.

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Philippe Randa,
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