22 novembre 2016

Un après-franquisme qui n’en finit pas, l’exemple catalan (01)

Par Franck Buleux

Contrairement à la Belgique, ou l’Italie, l’Espagne, bien qu’elle soit entrée plus récemment dans l’Union européenne, est un vieux pays d’Europe.

À la mort du Caudillo, le général Francisco Franco qui dirigeait l’Espagne de manière autoritaire et centralisatrice depuis 1939, en 1975, le nouveau roi, Juan Carlos Ier, rétablit la démocratie représentative, et le pays intégra en 1986, après une ultime tentative de coup d’État militaire en 1981, la Communauté européenne, devenue Union. La nouvelle constitution espagnole, très libérale, rompt avec le centralisme très poussé de l’époque franquiste, et met en place une très large décentralisation avec des « Communautés autonomes ».

Les partis nationalistes locaux, ou régionaux, sont à nouveau légalisés, en particulier dans les provinces périphériques, où subsistent des langues régionales différentes du castillan, la langue officielle de l’Espagne, en Galice, au Pays basque et en Catalogne. Certains revendiquent plus d’autonomie, d’autres parlent ouvertement d’indépendance en particulier, nous allons le voir, en Catalogue et au Pays basque, deux « communautés autonomes » frontalières de la France. Récemment, nous avons évoqué, sur EuroLibertés, le Pays basque.

La Catalogne est une communauté autonome et une région historique d’Espagne, qui disposait de ses propres lois avant 1714, date de la conquête espagnole.

Depuis le 19 juin 2006, elle est définie comme « réalité nationale » par son statut d’autonomie, et le préambule de ce même statut définit la Catalogne comme une nation. Le nouveau statut d’autonomie adopté a pour dénomination l’« Estatut », dont certaines dispositions ont d’ailleurs été censurées par le Tribunal constitutionnel espagnol, forme de Conseil constitutionnel français.

La superficie de ce territoire est de 31 950 km² sur lequel résident 7,5 millions d’habitants. La population catalane dispose de trois langues officielles : le catalan, l’espagnol ou castillan, et l’occitan.

Mais cette identité ne s’arrête pas là, l’Espagne post-franquiste la considère, conformément à la Constitution espagnole de 1978, modifiée en 2006 par le Congrès des députés espagnols, comme une « nation » et, cette « nation d’Espagne » est la plus importante en matière de territoire (6 % de la superficie du pays), de population (16 % de l’ensemble) et la plus riche de l’État avec 19 % du PIB (produit intérieur brut), 24 % de la production industrielle et 28 % des exportations.

Son Parlement régional, appelé la « Généralitat » de Catalogne, mis en place à la fin des années 1970, a été principalement dirigé par la fédération nationaliste de centre droit (qui a explosé politiquement il y a un an pour laisser place à « Ensemble pour le oui »… à l’indépendance), la CiU, de 1980 à 2003 par Jordi Pujol, fondateur de la CDC (Convergence démocratique de Catalogne, parti libéral classé au centre droit, élément clé de la coalition), et depuis janvier dernier par Carles Puigdemont, ancien maire de Gérone (2007-2016) qui a succédé à Artur Mas, député, élu local CDC de la Province de Barcelone et qui dirigeait la Province depuis 2012. Entre 2003 et 2012, les socialistes espagnols, dans une coalition avec les nationalistes de gauche et les écologistes, ont dirigé la région sous la direction de José Montilla.

En septembre 2012, une grande manifestation populaire, « la plus grande de l’histoire de la Catalogne » notait le quotidien El Periodico de Catalunya rassemblait dans la capitale catalane, Barcelone, plus d’un million de personnes favorables à l’indépendance.

Un million de participants sur 7,5 millions d’habitants : le rapport est élevé, imaginons, en respectant la même échelle, 8 millions de manifestants à Paris pour défendre, promouvoir une cause ou combattre un fléau, cela ne s’est jamais produit.

Cette marée humaine a entraîné la dissolution du Parlement autonome catalan, la Generalitat, par son président, Artur Mas, leader historique de la fédération nationaliste de centre droit, la CiU (Convergencia i Unio), Convergence et Union. Ce défilé marquait le souhait, par les Catalans, de réduire leur contribution à la solidarité nationale espagnole, actuellement de 16 milliards d’euros.

Historiquement et linguistiquement, la Catalogne, dont une partie du territoire est en France (la région de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales où le bilinguisme est de mise notamment sur l’ensemble des panneaux de signalisation routière), a un fort particularisme identitaire fondé sur la langue catalane (l’occitan, ou langue d’Oc, est, quant à elle, une langue également officielle mais revêtant une réalité linguistique beaucoup plus étendue, et donc moins marquée de manière territoriale ; elle est ainsi répandue dans un tiers sud de la France).

Vous avez aimé cet article ?

EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Partager :