13 juillet 2017

Réalité ukrainienne-passivité européenne

Par Euro Libertes

par Michel Grimard, Président du ROUE

Volontairement escamotée et niée par l’Union européenne, notamment la France, qui voulait auréoler de vertu Kiev, l’extrême droite ukrainienne vient de montrer, en sortant de l’ombre, qu’elle n’est pas le fruit d’une imagination rocambolesque et que l’ignorer n’est plus permis.

Par une présence plus physique et intensive, elle s’impose sur l’échiquier politique ukrainien. Loin d’être un phénomène marginal, insignifiant, sans importance, comme le prétendait l’Union européenne, elle montre une vigueur, d’autant plus inquiétante, que le pouvoir politique ukrainien, joue l’ambiguïté.

L’extrême droite est coalescente à la révolution de Maïdan, tous les ingrédients pour son futur développement étaient déjà présents. Si Moscou force le trait en évoquant le danger fasciste, il n’est pas hors de propos. Quand le Président Vladimir Poutine affirmait que le pouvoir de Kiev est illégal, il n’avait pas réellement tort. La Russie était fondée à considérer qu’il est né d’un coup de force. Il faut se souvenir qu’il résulte d’une destitution du Président Ianoukovitch par un parlement qui lui était pourtant majoritairement acquis, mais qui ne disposait plus de son libre arbitre. À ce moment-là, il se trouvait dominé par des groupes fascistes et nazis. Bien que minoritaires, mais organisés et disposant d’armes, ils tenaient alors le parlement.

En abolissant aussitôt l’utilisation des langues régionales, le nouveau pouvoir montra d’où il émanait. Ce visage intolérant et autoritaire se trouvait fort éloigné de cette volonté d’ouverture et de démocratie, tant vantée. Un tel comportement dénotait déjà un nationalisme étroit, sans concession. Aujourd’hui, de manière directe ou indirecte, l’extrême droite diffuse dans les instances gouvernementales et l’imbrication est telle, qu’il serait bien malin celui qui pourrait dire lequel manipule l’autre. Même si les différents mouvements qui composent cette mouvance sont hétéroclites, ils ont en commun, la haine de la Russie et de l’Union européenne, ainsi qu’un même socle, le fascisme.

Incapable d’endiguer ce courant ou s’en accommodant, le pouvoir ukrainien s’immerge dans cette atmosphère nauséabonde. Parfois il recule, mais prend aussi les devants, avec des positions extrêmes, frôlant le fascisme. Sa passivité, face aux provocations de ses groupes radicaux, qui n’hésitent pas à s’en prendre brutalement aux banques russes ou bloquent les voies ferrées entre l’Ukraine et le Donbass, est édifiante. En favorisant ce climat antirusse, Kiev conforte l’opinion, dans son refus d’octroyer une large autonomie au Donbass et participe ainsi au fossoyage des accords de Minsk.

Dans un article du journal Le Monde, le 25 juin 2017, de Benoît Vitkine, on peut lire « Pétro Porochenco refuse toute concession importante vis-à-vis de la Russie. Il promeut aussi une vision de l’histoire, glorifiant l’héritage des nationalistes dont certains s’allièrent avec l’Allemagne nazie pour lutter contre les Soviétiques. »

Relancer les accords de Minsk est une volonté du Président Emmanuel Macron. Mais comment y parvenir en refusant de voir la réalité. En fondant cette ambition sur un président totalement vénal, qui ne rechigne pas à soutenir les groupes antirusses les plus radicaux et qui ne désire pas donner une véritable autonomie aux territoires en rupture de centralisme, il vicie son initiative.

En juillet 2015, l’Ukraine modifie sa constitution pour déléguer des compétences importantes aux collectivités territoriales, sur l’ensemble du pays. Plus tard, une nouvelle avancée se dessine par le vote d’un « Statut spécial » pour le Donbass, l’autonomie n’étant pas toutefois explicite. Malheureusement, de nombreuses obstructions politiques et le manque de volonté du Pouvoir anéantirent ces avancées, qui ne furent pas confirmées.

Comment Kiev peut-il se dire respectueux des accords de Minsk, alors qu’il cède aux injonctions de l’extrême droite, dont les agissements s’opposent à leur accomplissement. La question mérite d’être posée, pourquoi refuser la scission de ces régions, quand toutes les actions tendent à les rejeter ?

Les événements factuels constatés, sous-tendus par une extrême droite acceptée, relativisent grandement la mauvaise foi attribuée à la Russie.

L’étonnante confiance que le Président Emmanuel Macron accorde à son ami le Président Pétro Porochenko, est injustifiée. Rendre la Russie responsable de tous les maux, manifeste une méconnaissance ou une falsification de l’histoire récente de l’Ukraine, celle qui occulte le rôle des États-Unis et de l’Union européenne, porteuse d’un projet aussi provocateur qu’inutile, le Partenariat Oriental.

La géopolitique orientale de l’Union européenne, dans laquelle s’inscrit ce partenariat, méritait réflexion et prudence. Une démarche davantage responsable, aurait permis d’engager l’Ukraine sur une voie plus positive. L’Union européenne aurait pu développer un partenariat commercial avec l’Ukraine, sans que la Russie puisse en prendre ombrage.

En faisant fi des réalités géographiques et de l’interdépendance Ukraine-Russie, l’Europe a ignoré volontairement les difficultés que l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, allait entraîner. Son rôle plus qu’ambigu, a favorisé la dislocation de l’Ukraine, entraînant la perte de la Crimée et la sédition d’une partie sud-est du Pays.

Quant aux États-Unis, pour qui l’ingérence et la violation du droit international sont des pratiques courantes, ils ne se sont pas privés d’intervenir. À Kiev, le Sénateur McCain n’a pas hésité à exciter la foule, l’exhortant à renverser le Président librement élu. Après lui, le Vice-Président Joe Biden a agi de même en prônant la fermeté à l’égard de l’est de l’Ukraine et cette attitude n’a jamais cessé. Comment l’Union européenne peut-elle sermonner la Pologne, alors qu’elle accepte de coopérer et de soutenir sans réserve un pays, dont le pouvoir, non seulement corrompu, flirte avec une extrême droite particulièrement sulfureuse.

Toutes les solutions actuellement proposées, accord de Minsk, projet du Secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, ou futures, n’auront de chances d’aboutir que si l’Union européenne est capable d’imposer à l’Ukraine de restaurer son image, aujourd’hui calamiteuse. Si elle veut retrouver sa crédibilité, elle doit, s’extraire de ses vices, la corruption, l’intolérance et l’autoritarisme, mais aussi abandonner sa bienveillance, pour les ligues fascisantes.

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Philippe Randa,
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