5 janvier 2017

Chronique d’une Saint Sylvestre au royaume du Danemark

Par Gérard Lehmann

 

Conformément à la tradition, Sa Majesté Margrethe II s’est adressée au peuple danois quelques heures avant le nouvel an. Deux des sujets abordés de prime abord concernent une brûlante actualité : l’afflux de vagues migratoires et l’identité nationale. Ils méritent un intérêt particulier.

Sa Majesté Margrethe II, reie du Danemark.

Sa Majesté Margrethe II, reine du Danemark.

Les vagues migratoires

« S’ils espèrent beaucoup de leur nouvelle existence, nous attendons aussi d’eux certaines choses. Les réfugiés doivent comprendre où ils se trouvent : dans un pays où ce n’est pas seulement le climat qui est tout autre, mais dans un pays où le mode de vie et les usages sont différents, avec une longue histoire et de profondes racines.

Il n’est pas facile de s’adapter à un nouveau pays. C’est une dure tâche, qui exige de la bonne volonté et un esprit ouvert. »

Il y a ceux, déclare-t-elle, qui ont appris la langue, les traditions danoises, qui ont un travail et qui ont veillé à ce que leurs enfants aient un bon départ dans la vie : « foulent un sol solide et se sentent chez eux au Danemark. Ils font partie de la communauté danoise.

C’est avec raison qu’ils peuvent craindre d’être l’objet d’un scepticisme qui peut naître quand des vagues massives arrivent dans le pays, et quand certains ont du mal à s’installer. Mais ils ne doivent pas payer pour ceux qui ne se donnent pas la même peine pour faire partie de la communauté danoise.

Faire partie de la communauté danoise est très important. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut exiger, mais c’est quelque chose qui se fait peu à peu, qui arrive presque insensiblement. C’est quand “ils”devient “nous” et “eux” deviennent “nous”, les Danois, nous les Danois ! »

L’identité nationale

« Avons-nous besoin d’être danois ? Est-ce que la nationalité a la moindre signification dans une société globale industrialisée ?

Quelle question ! »

Bien sûr, affirme Sa Majesté, nous sommes danois, mais nous sommes aussi très différents, originaires de la ville ou de la campagne, ayant reçu une éducation différente : « mais nous savons que nous sommes danois. C’est une partie de notre identité. »

Politiquement correct ?

Racines, histoire, identité, tradition : les mots d’une rébellion contre le politiquement correct, lequel consiste – merci Péguy ! – à ne pas dire ce que l’on voit et surtout à ne pas voir ce que l’on voit. Populisme, islamophobie, fascisme, voilà les étiquettes que l’establishment politico-médiatique français leur colle.

Une cécité de même origine affecte-elle la sphère médiatique danoise ? La réponse nous est donnée par la publication on line Den Korte Avis (Nouvelles brèves), site de réinformation danois exemplaire. Voici ce qu’on y lit à propos de l’allocution de Sa Majesté : « Ces sujets ont été évoqués précédemment, mais jamais dans de telles proportions que dans ce discours […] Le parti médiatique de gauche n’a pas apprécié. Donc la presse politiquement correcte a fait ce qu’elle a l’habitude de faire quand quelque chose lui déplaît. Elle a tenté dans la mesure du possible de le taire. Le message principal du discours fut occulté et fut l’objet d’une évocation plus diffuse qu’habituellement.

On est tenté de dire que la tentative de la reine Margrethe d’envoyer sur ces sujets importants un message clair à la population a été boycottée. »

Dans un ouvrage paru en octobre 2016 et rédigé par le commentateur politique Thomas Larsen (1), la reine Margrethe fait part de ses appréhensions. Elle craint que les afflux massifs d’immigrants ne conduisent à la création de sociétés parallèles : « Je croyais que, d’une manière ou d’une autre, ils deviendraient comme nous. Cela ne s’est pas fait. »

Un silence remarquable a sanctionné l’ouvrage lors de sa publication.

Chez eux chez nous ?

De l’autre côté du Belt, la Suède illustre le cauchemar d’un suicide programmé et consciencieusement administré par ses élites civiles et religieuses. La réalité dépasse la fiction orwellienne.

Au moment où l’Europe du Grand Remplacement est confrontée à des enjeux majeurs pour la survie de son identité, de sa culture – et de sa survie tout court –, cet écho venu du Danemark nous est un réconfort et un encouragement.

Note

(1) De dybbeste rødder – Dronningen fortæller om Danmark og danskerne. Traduction : Les racines les plus profondes. La reine parle du Danemark et des Danois.

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Philippe Randa,
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