29 octobre 2016

Alep et Mossoul

Par Richard Dessens

 

Les Russes qui bombardent inlassablement Alep sont menacés d’être les auteurs de « crimes de guerre » par la bien-pensance outragée de l’Occident américain. Les troupes au sol sont constituées exclusivement de l’armée syrienne. Des bombes russes plus l’armée « criminelle » de Bachar el Assad ne peuvent constituer qu’un tandem effrayant voire diabolique.

Dans le même temps, la coalition internationale démocratique, constituée de l’armée irakienne, totalement encadrée par les USA, des Peshmergas, de conseillers américains entre autres, tente de reprendre l’autre grande ville symbolique aux mains de Daesh : Mossoul. Avec des moyens bien supérieurs, la coalition piétine. Mais pas de crimes de guerre.

Car ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il n’est autorisé d’éliminer l’armée de Daesh et ses boucliers humains qu’elle utilise partout, qu’avec les méthodes avalisées par la démocrate américaine universelle. Tout autre moyen est un « crime de guerre ». Par exemple lorsque les USA bombardent, entre autres, pendant des années l’Irak, ce n’est pas un crime de guerre. En effet, selon une étude publiée en 2006 par la revue médicale britannique The Lancet, il est estimé que l’invasion américaine et l’occupation de l’Irak ont causé la mort de 655 000 Irakiens. Deux fois plus que les crimes de Saddam Hussein en 24 ans de pouvoir… Mais il y a des bons et des mauvais morts, comme il y a de bons tueurs et de mauvais tueurs au Moyen-Orient, variables d’ailleurs selon les circonstances. Les Russes font partie bien sûr des « mauvais ». Lorsque les USA bombardent Mossoul le 20 mars 2016, ce n’est pas non plus un crime de guerre. On pourrait continuer l’horrible liste des bienfaits occidentaux au Moyen-Orient qui ne sont rien à côté des « immondes bombardements » sur Alep.

La politique internationale de l’Europe américaine est déconcertante. On hésite entre Kafka et le roi Ubu. On assassine Saddam Hussein et le colonel Kadhafi dans des conditions indignes de démocraties irréprochables, comme on l’avait fait de Ceausescu, dans la tradition des droits de l’homme bien sûr. Et on accuse Vladimir Poutine de tous les maux de la terre, de « crimes de guerre » ? On ne veut bien accepter de parler avec lui qu’avec des pincettes dégoûtées ? C’est à une véritable reprise de la guerre froide que l’on assiste actuellement, et les risques de guerre mondiale sont de plus en plus pris au sérieux au plus haut niveau des États. Le Monde Diplomatique de septembre a d’ailleurs réalisé un excellent article à ce sujet. Les diplomaties euraméricaines cherchent quoi au juste ? Le désordre inextricable engendré par cette politique a en outre des répercussions sur une immigration politique de ceux qui fuient la guerre pour ne pas avoir à la faire, qui s’ajoute à celle, encore plus inquiétante, globale et due aux changements de notre monde, climatiques et surtout économiques, qui menacent toutes les grandes civilisations. La nôtre mais aussi celle des migrants.

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Philippe Randa,
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