30 juillet 2016

Pierre Proli, un des meilleurs agents de l’étranger

Par Bernard Plouvier

Officiellement reconnu par un receveur général des Domaines de la famille impériale, Pierre, Joseph, Berthold Proli (et non « Proly ») (1752-1794) est probablement le bâtard du Chancelier autrichien et prince Anton von Kaunitz (1711-1794). Par sa mère, il est apparenté au Prussien « Anacharsis » Cloots. Noceur, spéculateur boursier fort bien informé, il vit à Paris et y mène grand train depuis 1783. En 1791-92, il loge chez les frères « Frey », puis chez l’ancien marchand de vins François Desfieux, un « ultra-révolutionnaire », juré au Tribunal Révolutionnaire.

Dès 1789, il est en relations avec le banquier François Laborde de Méréville, chez qui il entrepose les capitaux qui lui viennent d’Autriche, via les Pays-Bas autrichiens (la Belgique) et la Suisse. Jusqu’à sa mort, il est en relations épistolaires, d’affaires et d’espionnage, avec les banquiers Walquiers (de Bruxelles) et Grenus (de Genève). Il est, bien sûr, en relations étroites avec le baron de Batz, affairiste et agent royaliste, qui se charge de manipuler les milieux « ultra-révolutionnaires ».

Dès 1791, c’est un « Patriote » très actif, tant aux « Jacobins » qu’aux « Cordeliers ». Il fonde un journal dont le titre est en soi un véritable programme : Le Cosmopolite. Il réussit à se faire employer au ministère des Affaires Étrangères à partir de septembre 1792, grâce à Dumouriez, auprès duquel il se fait envoyer en mission, par les « Jacobins », en mars 1793.

Très influent auprès du comité central des sociétés populaires de Paris, c’est l’orateur favori des « Patriotes » de la 6e section, celle de la Bibliothèque où s’opposent le journaliste Jacques – Pierre Brissot et l’acteur raté, débauché et ivrogne Jean-Marie Collot « D’Herbois », rebaptisée ensuite « section de 92 ». Il est l’un des meneurs des journées anti-girondines du 31 mai et du 2 juin 1793, qui amènent au Pouvoir la faction « montagnarde » de la Convention Nationale. Il donne beaucoup d’argent aux conventionnels, corrompus autant qu’agités, tels l’ex-prêtre François Chabot (devenu le beau-frère des « Frey ») et Bertrand Barère (qui le protégera tant qu’il le pourra en 1794). Il rencontre au tripot bordel de la Sainte-Amaranthe le noceur Jean Hérault de Séchelles, qui devient l’un de ses informateurs rétribués.

Il fréquente les « ultra-révolutionnaires » et influence beaucoup l’ex-acteur Pierre Dubuisson, employé au secrétariat du Club des Jacobins, mais aussi le journaliste ordurier Jacques Hébert. Enfin, il manipule son très naïf, très idéaliste et très riche petit-cousin Cloots. Il est l’un des piliers du tripot de la Sainte-Amaranthe, agente royaliste et du service de renseignements britannique, qu’il entraîne involontairement dans sa chute. Il utilise un complice, le Juif Jacob Pereira, qui hurle avec les loups sans comprendre qu’il travaille pour un maître espion.

Proli est en concurrence avec une agente aux charmes un peu mûrs, employée des services de renseignements néerlandais et prussien : Etta Palm (1743-1799), pseudo-baronne van Aelders (elle est divorcée du sieur Palm et son nom de jeune fille est Aelders van Nieuwenhuys), qui séduit et manipule l’avocat et député Claude Basire, honnête imbécile, qui a transmis des messages sans comprendre qu’on lui faisait jouer un rôle dans des affaires d’espionnage et dans d’obscures spéculations sur la liquidation des actifs de la Compagnie des Indes.

Dénoncé aux membres du Comité de salut public et du Comité de Sûreté Générale, comme « agent de l’étranger » (c’est tout à fait exact), par Fabre « d’Églantine », le 14 octobre 1793, il est trahi à la fois par Chabot, le 14 novembre, qui pense ainsi se dédouaner, et par la découverte de ses papiers lors de l’arrestation de son secrétaire François Bompard. Il est décrété d’arrestation le 29 décembre 1793, après avoir été exclu des « Jacobins » le 21 novembre, en même temps que Desfieux, Dubuisson et Pereira.

Il se cache jusqu’au 18 février 1794, date de sa capture. Jugé dans la même fournée que Cloots, Hébert, Desfieux, Momoro, Ronsin, Vincent et d’autres « Cordeliers », du 21 au 23 mars, il est guillotiné le 24 mars 1794. Il a été l’un des meilleurs agents de terrain des services de renseignements étrangers durant la Révolution, chargés d’exciter les révolutionnaires les plus démagogues et de corrompre les députés « pourris ».

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Philippe Randa,
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