25 janvier 2017

Parti socialiste : date de péremption dépassée

Par Olivier Pichon

La primaire du PS pourrait constituer l’annonce de la fin du Parti socialiste si ce n’est du socialisme. Néanmoins ne nous réjouissons pas prématurément : en 1993, il fut balayé à l’Assemblée nationale et en 2002, fut absent au second tour des présidentielles. Il sut néanmoins se redresser, en partie sous la houlette de son secrétaire général, un certain François Hollande… Aujourd’hui, le cadavre bouge encore, mais son fossoyeur pourrait bien en être Benoît Hamon, électoralement parlant du moins, il en a d’ailleurs la tête.

Valls et Hollande sanctionnés, la paresse plébiscitée.

Sans préjuger des résultats du second tour et a fortiori de la présidentielle, les militants (peu nombreux) ont voté non pour un présidentiable, mais pour un candidat qui conserverait les valeurs du socialisme. Examinons de près ces valeurs en question.

Tout d’abord préciser que l’on confond ici valeurs et institutions…

Les valeurs républicaines – car on parle plus de république que de socialisme tant celui-ci est démonétisé –, cela voudrait signifier que la France est une république, il ne s’agit donc pas ici de valeur, mais d’institution. Parmi ces valeurs, le revenu universel pour lequel les tendeurs de sébile ont voté massivement Hamon, attendant de l’État qu’il distribue sans comprendre que ce sera un grain de mil dans la bouche d’un âne et qu’il y a belle lurette que l’on distribue par la dette, sur le dos des générations à venir. Un vote égoïste, ignorant et archaïque, donc.

Il y a « 11 millions de pauvres » en France, nous apprend la presse, chiffre en augmentation, et l’on continue à redistribuer ! En bonne logique ce chiffre devrait baisser. Hamon a-t-il pensé avec son revenu universel, au gendre de Marx (l’époux de Laura, Paul Lafargue était mal vu par son beau-père) qui fit l’éloge de la paresse dans Le droit à la paresse (en 1883, année de la mort de Marx) ; il y défendait l’idée que les ouvriers ne devaient pas réclamer le droit au travail – erreur masochiste selon lui –, mais il fut le précurseur de l’idée du RU.

La Sécurité sociale contre la sécurité nationale.

Plus de 750 milliards d’euros : c’est le budget social de la France, face aux 35 milliards de budget militaire : la Sécurité sociale contre la sécurité nationale ! En cette période troublée, voilà qui ne laisse pas d’inquiéter. Mais Benoît Hamon ne nous a guère parlé de souveraineté et d’indépendance nationale, voire de sécurité publique. Il a reçu le soutien de Martine Aubry et d’une vingtaine de dinosaures échappés de Jurassic Park.

Dans ces conditions, on serait presque tenté de défendre Manuel Valls qui a quelques lumières sur le fait que le socialisme remonte à deux siècles et qu’il est une vieille lune promise à l’oubli de l’histoire. Il semble entrevoir qu’à côté de l’État providence, il existe un État régalien étouffé par le premier ; or, dans le contexte de grande menace actuelle – ne sommes-nous pas en guerre, selon lui ? – on peut lui trouver quelque raison.

Quoi qu’il en soit la réduction du temps de travail et les loisirs, voire l’oisiveté rentière, sont beaucoup plus le résultat de la productivité, de l’investissement, du marché et du capital que de la loi.

Mais où est donc Macron ?

Donc, nous avons en matière d’offre politique : les socialistes sans le socialisme avec Manuel Valls ; les socialistes socialistes avec Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ; les socialistes sans le dire avec Florian Philippot, mais le cas le plus complexe est incontestablement Emmanuel Macron, de gauche, mais pas socialiste.

Pour simplifier, le fondateur du mouvement En Marche ! est sur la ligne Valls, mais en plus charmeur, et en amputant son discours de la souveraineté, de l’identité et de l’autorité sur lequel Valls a eu la témérité d’aller (il vient de le payer assez cher !)

Macron sera donc de gauche sans le socialisme ou de gauche avec le sociétal. Mais ses positions sur la Sécurité sociale et sur le temps de travail sont des positions partagées à gauche, surtout n’y rien changer ! Là où il fait preuve d’un peu plus de hardiesse, c’est sur l’apprentissage et les autoentrepreneurs. Il veut être le candidat du travail (pas d’accord avec Paul Lafargue !) ; on a connu celui des travailleurs, baisse des charges sur le travail, maintien du CICE, c’est ce qui est reproché à Valls et Hollande.

Simplifier le Code du travail ? Du bon sens tout simplement. Tout cela ne justifie pas enthousiasmes et ralliements, il demeure assez largement étatiste lorsqu’il transfère les cotisations salariales sur la CSG et augmente la taxation du capital alors même que celui-ci est déjà fortement taxé et constitue la première cause du refus de prise de risque qu’il préconise par ailleurs.

Quant aux retraités, s’il y en a qui votent Macron, c’est par ignorance ou masochisme, ils sont dans le collimateur du gentil gendre idéal… Enfin, il rend hommage à la fonction publique qu’il veut voir passer du contrôle au conseil.

Des mots que tout cela, beaucoup de flou et des contradictions. Macron, pour ramasser chez les centristes, affirme aimer l’Europe, mais de quelle Europe s’agit-il, nous ne le savons guère : celle de Jean-Claude Junker ou celle des patries ?

Sur le plan électoral, si Hamon l’emporte au second tour, il peut tailler des croupières à Mélenchon, mais pour Macron, qui décidément est favorisé par le sort, Hamon peut jouer le rôle de repoussoir et lui permettre d’engranger les voix qui se seraient portées sur Valls.

L’heure de vérité devrait sonner pour l’enfant chéri des dieux de la gauche et du système. Sa présence au second tour n’est pas improbable, de même que son élection à la présidence, tout dépendra de l’adversaire qu’il aura face à lui. On peut deviner déjà celui ou celle qui le ferait élire. La France aura alors un président socialiste et tout rentrera dans l’ordre !

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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