29 octobre 2019

Montségur, centre d’un imaginaire cathare

Par Fabrice Dutilleul

Entretien avec Richard Raczynski, auteur de Montségur, centre d’un imaginaire cathare, Éditions Dualpha, collection « Grande Hiérophanie », dirigée par Michel Gaudart de Soulages, 284 pages, 27 euros

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul).

« On ressent aussi les influences
qui façonnèrent l’histoire de ces vallées,
portées par des civilisations
qui vivaient le fait religieux
déjà d’une manière très personnelle »

Pourquoi s’intéresser aux Cathares ?

Mon intérêt pour les Cathares n’est pas récent. J’avais pris antérieurement beaucoup de plaisir à voyager dans l’Ariège durant l’écriture de mon ouvrage sur la Fraternité des Polaires. Des membres de cette structure convergeaient (avant la IIe Guerre mondiale) aux alentours du Pog (pour reprendre le terme de Napoléon Peyrat) de Montségur et des ruines du château de Lordat afin d’établir un hypothétique contact, voire de procéder à l’exhumation de reliques historiques inédites.

Une période qui vit soudainement l’expression d’une forme d’ésotérisme venir s’incarner dans ces paysages mythiques, faisant intervenir un mystérieux Otto Rahn et toute une galaxie de personnages habités par la passion du mystère (Maurice Magre, Jean-Marquès Rivière, Fernand Divoire, Antonin Gadal, la comtesse de Pujol-Murat, Déodat Roché, René Nelli).

Une période que le journaliste et écrivain Christian Bernadac détaillera avec minutie dans Le Mystère Otto Rahn – Du catharisme au nazisme (Le Graal et Montségur) publié en août 1978.

Si cette mouvance a effectivement remis le site en lumière, on peut néanmoins demeurer quelque peu circonspect devant cette avalanche de théories et d’exaltation.

À moins de formuler l’hypothèse d’une suite de connexions pouvant relier des mythes (dont ceux du roi du Monde, du Graal, de Christian Rosenkreutz, de l’Agartha) qui placerait le catharisme au centre d’un cycle.

En clair, les mystères ont la vie dure ?

Oui, on pourrait résumer cet aspect du sujet par la force de l’imaginaire, décuplé ici par l’immensité des paysages et les forces conjuguées des éléments.

On ressent aussi les influences qui façonnèrent l’histoire de ces vallées, portées par des civilisations qui vivaient le fait religieux déjà d’une manière très personnelle à l’image du priscillianisme, des manichéens (dualisme de Manès) mêlées aux doctrines orientales gnostiques, de l’arianisme Goth, voire de croyances étranges, qualifiées « d’indigènes ». Un terreau fertile à la propagation des idées cathares, déjà très structurés, affichant dans leurs actes, un dénuement proche de l’Église primitive, loin des postures du Clergé et de son pape Innocent II (1161-1216).

Dans sa perception collective, Montségur évoque aussi la quête d’un trésor ; sous quelles formes ?

Pour répondre, je reprendrai ici un extrait d’un quotidien publié en 1942, qui évoque des pistes propres à alimenter tous les postulats : « Puisqu’il semble sûr, au contraire, que dans la nuit qui précéda l’assaut du repaire, l’Évêque Marty et Raymond de Péreille, jugeant la situation désespérée, firent descendre à l’aide de cordes, quatre Parfaits dans la plaine de Foix pour sauver le trésor des Cathares. Quel était ce trésor ? S’agissait-il des livres sacrés de la secte ? Du Saint-Graal de Perceval et des romans de la Table ronde ? Ou simplement d’espèces sonnantes et trébuchantes ?

Le mystère demeure. Il enveloppe Montségur d’une atmosphère encore plus belle. »

Notons que la fuite « d’espèces sonnantes et trébuchantes » revint habilement sur le devant de la scène par le truchement des recherches de Gérard de Sède et ses écrits sur l’abbé Saunière (L’Or de Rennes, ou La Vie Insolite de Bérenger Saunière curé de Rennes-le-Château, Julliard, 1967).

Ces théories fantasmées se nourrissent d’une particularité géologique de l’Ariège, celle du nombre le plus élevé (parmi tout le massif pyrénéen) de grottes sépulcrales recensées, sans savoir combien d’autres entrées encore inconnues, attendent d’être découvertes, par les passionnés des clubs régionaux de spéléologie.

 

Le mystère au trésor de Montségur par Alex Coutet (dessin paru dans Détec­tive du 12 mai 1932, p. 14).

Le mystère au trésor de Montségur par Alex Coutet (dessin paru dans Détec­tive du 12 mai 1932, p. 14).

Peut-on évoquer l’émergence d’une identité culturelle, morale et politique dans la redécouverte du passé cathare ?  

Nous savons finalement très peu de choses sur les Cathares : faiblesse des textes (moins d’une dizaine) et du legs iconographique, absence d’éléments liturgiques probants. On s’en trouve réduit à imaginer et à interpréter, se persuadant ainsi de voir ce qui n’est qu’une projection de notre imagination.

C’est sûrement cette part de l’inconnu qui renforce le caractère attractif de ces femmes et de ces hommes qui vécurent en marge de la société et finirent en martyrs.

Relire ces pages sombres de notre histoire permet d’appréhender le quotidien austère d’une région qui fit front, face à la brutalité des croisades du pouvoir royal.

Je laisse le lecteur juger des luttes politiques, religieuses et économiques des comtés de l’époque, des revirements, des traîtrises et des massacres qui marquèrent à jamais ces terres fertiles et ses esprits en rébellion.

On ne refait pas l’histoire.

Sommaire :

Une région et son Histoire, L’Ariège terre de trésors ? Une perception du catharisme, parmi d’autres, Montségur, une passion Polaire, Fouilles à Montségur (1931-1958), Montségur et le nazisme : des « fantasmes à la réalité », Les visiteurs, Rituel Cathare, De la renaissance, Le Graal, Simon de Montfort, le grand sauveur, Chronologie Cathare (1145-1321), Aperçu bibliographique (non-exhaustif) sur le catharisme.

 

Montségur, centre d’un imaginaire cathare, Richard Raczynski, Éditions Dualpha, collection « Grande Hiérophanie », dirigée par Michel Gaudart de Soulages, 284 pages, 27 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Montségur, centre d’un imaginaire cathare, Richard Raczynski, Éditions Dualpha,

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