8 décembre 2017

Jérusalem, nouvelle capitale d’Israël selon Donald Trump

Par Aristide Leucate

D’après le très sérieux Washington Post (5 décembre), le président américain Donald Trump pourrait envisager de renverser des décennies de diplomatie américaine en reconnaissant officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël et en ordonnant, subséquemment, la relocalisation de l’ambassade des États-Unis dans cette ville.

Donald Trump a tenu sa promesse électorale de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

Donald Trump a tenu sa promesse électorale de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

Selon certains, cette décision pourrait faire dérailler les efforts de paix de la Maison-Blanche. Toutefois, une source proche de cette dernière a fait savoir que l’emplacement actuel de l’ambassade à Tel Aviv serait maintenu pour l’instant car le processus de déplacement prendrait au moins trois ou quatre ans.

Le président a commencé d’informer ses homologues de la région de sa décision, provoquant moult avertissements de la part de plusieurs chancelleries affirmant que le mouvement mettrait le feu aux poudres et perturberait les tentatives d’accords de paix entre les Israéliens et les Palestiniens. Les alliés américains en Europe, y compris la France, se sont également opposés à un tel changement de politique, et le Département d’État a envoyé une note classifiée à ses légations au Moyen-Orient à la fin du mois dernier avertissant de manifestations antiaméricaines potentielles.

Le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abas, a dit à Donald Trump qu’il jouait « avec le feu de l’extrémisme », quand le roi Salman bin Abdul Aziz d’Arabie Saoudite l’a averti « qu’une telle démarche dangereuse de relocalisation ou de reconnaissance d’Al-Qods (sic. Nom arabe de Jérusalem, NDLR) comme capitale d’Israël constituerait une provocation manifeste à l’égard des musulmans du monde entier. »

S’exprimant devant le parlement turc, le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la reconnaissance américaine de Jérusalem serait une « ligne rouge » pour les musulmans, forçant peut-être la Turquie à rompre ses relations diplomatiques avec Israël récemment reprises après six ans d’interruption.

Les hauts responsables du Bureau ovale présentent la décision de Trump comme la réalisation d’une promesse électorale importante qui bénéficie d’un large soutien bipartisan au Congrès. Ils ont souligné que le changement ne changera pas fondamentalement d’autres aspects de la politique américaine. Par exemple, soulignent-ils, Trump reste favorable à une solution à deux États, autant que les deux parties le souhaitent, tandis que l’administration maintiendrait le statu quo sur les lieux saints de Jérusalem.

L’entourage du président explique de plus que celui-ci ne faisait que prendre acte de la réalité d’une Jérusalem qui fut historiquement la capitale d’Israël quand la plus grande partie des institutions de son gouvernement – le bureau du Premier ministre, la Cour suprême et la législature – y avaient leurs sièges.

Le déplacement de l’ambassade américaine dans cette ville trois fois sainte, serait une première. Aucun autre pays n’a implanté ses ambassades à Jérusalem, en vertu d’un consensus international de longue date selon lequel le statut de la ville devait être décidé dans un accord de paix entre les Israéliens et les Palestiniens.

Israël a annexé Jérusalem-Est, qui contient la plupart des lieux saints importants pour les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens, après la guerre de 1967 contre les puissances arabes. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme capitale d’un futur État, alors que beaucoup d’Israéliens et certains aux États-Unis considèrent que le secteur de la ville est déjà et irrévocablement sous administration israélienne. Quelques-uns des principaux partisans juifs de Trump semblent soutenir ce point de vue.

D’autres défenseurs de la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale israélienne ont cité la Russie en exemple. Moscou a, en effet, déclaré Jérusalem-Ouest comme la capitale israélienne sans susciter aucune vague de violence ou de réaction diplomatique.

La principale leçon à retenir de ce grand chambardement diplomatique est que les États-Unis tentent, nonobstant, de se maintenir dans le grand jeu moyen-oriental. Voudraient-ils apparaître comme les gendarmes du monde qu’ils ne s’y prendraient guère autrement, sûrs de leur puissance, malgré leur dette intégralement détenue par la Chine. L’État profond états-unien tire indéniablement les ficelles d’une géopolitique de réagencement de la région telle qu’esquissée par Ralph Peter dans une revue militaire américaine, AFJ (Armed Forces Journal), en juin 2006, dans le sens d’un grand Moyen-Orient morcelé.

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Philippe Randa,
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