3 mai 2017

Un doux parfum de IVe

Par Jean-Pierre Brun

Des chansonniers malveillants prétendaient naguère que, le 5 novembre 1757 à Rossbach, lors de la bataille qui l’opposait à l’armée prussienne de Frédéric II, le maréchal de Soubise, une lanterne à bout de bras, courait en vain après son armée qu’il avait malencontreusement égarée.

Il est fort plausible que le 19 juin 2017, un pendule à la main, oscillant follement au-dessus d’un plan du grand hémicycle de l’Assemblée Nationale, le tout nouveau président de la République, soit surpris à rechercher une introuvable majorité, disparue avant même d’avoir été installée. Frappé d’une forme d’agnosie spatiale sera-t-il d’ailleurs en mesure de distinguer sa droite de sa gauche ?

Le 2 janvier 1956, les élections législatives permettaient l’inscription au menu des Français d’une salade décomposée particulièrement ragoûtante. Improvisée à la hâte selon une recette relevant de « L’art d’accommoder les restes », elle mêlait les saveurs rances d’une douzaine de vieux légumes politiciens et la fragrance d’un hybride encore inconnu dans le potager de la IVe, le poujadisme (à l’origine de la génétique prétendument populiste qui préoccupe aujourd’hui l’ensemble des démocraties européennes certifiées conformes). Certaines crises intestines gouvernementales aigües durèrent même plusieurs semaines

En effet, la digestion de ce plat s’avéra très vite difficile. Les régurgitations et vomissements furent particulièrement nombreux. Mollet, Bourgès-Maunoury, Gaillard et Pflimlin furent ainsi évacués sans plus de manière dans les commodités de la République avant que mai 1958 ne tire définitivement la chasse sur des institutions diarrhéiques. Rejeté par une population que les palinodies politiciennes écœuraient, le système défaillant fut abandonné pour le plus grand triomphe du général de Gaulle et de son régime présidentiel.

Chacun sait que comparaison n’est pas raison. J’en conviens d’autant mieux que, à l’époque, on ne demandait pas au Président Coty de conduire le char de l’État et que les pouvoirs de la communauté européenne naissante n’étaient qu’embryonnaires alors qu’aujourd’hui… On ne peut pourtant pas nier quelques similitudes entre les deux périodes.

J’imagine que le nouveau président, élu par la grâce de partis et de dirigeants se détestant, ne parviendra jamais à réaliser la chimérique synthèse d’un gouvernement au centre. Un professeur de mathématique ami, très dubitatif quant à la réalité d’un tel gouvernement, aimait à rappeler que le centre ne saurait jamais être autre chose qu’un point quasi imaginaire qui, selon le grand Euclide, se définit comme « ce qui n’a aucune partie. »

À l’époque des manipulations transgéniques les plus ébouriffantes et de l’implantation quasi chirurgicale de la théorie du genre dans la société française, le chef de l’État sera-t-il contraint à tripatouiller les organes reproductifs des partis pour réaliser ce qui pourrait être considéré par un zoologiste incrédule, comme l’accouplement fameux de la carpe et du lapin.

À la place du nouveau Président je m’inquiéterais tout de même de l’exaspération de la « populace » devant l’apathie des Pouvoirs Publics à prendre le bélier par les cornes en matière de sécurité. En 1958, la colère des légions n’avait-elle pas servi de détonateur à la « Révolte du 13 mai » et à la chute du régime ?

Mais voilà que je gagate… Chers lecteurs, ne vieillissez pas.

 

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Philippe Randa,
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