4 mai 2018

Les États-Unis dictent leur conception du « bien » et du « mal »…

Par Aristide Leucate

La vérité est donc qu’il n’existe pas de droit international, mais seulement une morale juridicisée américaine étendue à la planète entière. Comme le soulignait pertinemment le géopolitologue, Aymeric Chauprade, « l’Amérique veut l’Amérique-monde ; le but de sa politique étrangère, bien au-delà de la seule optimisation de ses intérêts stratégiques et économiques du pays, c’est la transformation du monde à l’image de la société américaine. L’Amérique est messianique et là est le moteur intime de sa projection de puissance. »

Image créée par Udo J. Kepler pour Puck Magazine en 1895.

Image créée par Udo J. Kepler pour Puck Magazine en 1895.

Cet impérialisme qui repose éminemment sur le concept de « Manifest destiny » forgé en 1845 par le journaliste John L. O’Sullivan présuppose implicitement mais nécessairement la supériorité anglo-américaine sur les autres civilisations.

Dès lors, toutes les puissances feudataires du Grand Sam sont emportées, depuis 1945 – voire dès 1919 avec les quatorze points de Wilson – dans la spirale infernale de la guerre « sans formes », c’est-à-dire d’opérations officiellement militaires mais fondamentalement policières et justicières, attendu, prévenait Georges Bush Jr en son temps que celui qui n’est pas avec Washington est contre elle. Les actions ne sont plus menées d’États à États, mais de gendarmes coalisés à ennemis nommément désignés comme tels au nom d’une conception religieuse de la politique, les droits de l’homme faisant office de nouveau Décalogue. Il ne s’agira plus d’envisager la paix avec l’allié potentiel de demain mais d’éradiquer un criminel. L’ancien « droit des gens européens est parvenu à circonscrire la guerre à l’aide du concept d’État. […] L’égalité des souverains fait d’eux des belligérants jouissants de droits égaux et tient à l’écart les méthodes de la guerre d’anéantissement », remarquait le juriste Carl Schmitt dans Le nomos de la Terre.

La guerre ainsi ravalée à une vague moraline pseudo-juridique tourne en roue libre, n’étant plus conditionnée par un acte politique préalable qui est de désigner l’ennemi, non pas en le stigmatisant ou en l’anathémisant d’emblée mais en le regardant comme porteur de divergences susceptibles potentiellement de porter atteinte à son propre être politique. Une telle attitude implique un rapport d’aequalitas et non d’imperium ou de subordination. C’est ici que la diplomatie, c’est-à-dire l’art de parler à son homologue selon les règles et usages de la bienséance internationale, entre en jeu. Mais en politique étrangère comme en politique intérieure, le souverain ne doit pas perdre de vue le Bien commun décliné en ce domaine comme la sauvegarde des intérêts supérieurs, donc vitaux, de l’État. La concorde intérieure est indissolublement dépendante de la sécurité extérieure

D’évidence, l’assujettissement idéologique – renforcée par son caractère systémique dans le cadre de l’OTAN – voire économique – dans le cadre d’accords commerciaux de libre-échange – d’une telle politique ampute cette dernière de l’indispensable tuteur qu’est la souveraineté qui, du fait de ses caractéristiques intrinsèques – si bien décrites par Jean Bodin et Julien Freund – est incompatible avec toute relation de tutelle quelle qu’elle soit. C’est si vrai que, comme l’écrivait le juriste italien, Santi Romano, « l’État sous tutelle n’est pas seulement lié par des obligations particulières et déterminées, il entre dans un status subiectionis complexe, se soumet à d’autres sujets dans un domaine plus ou moins ample de sa personnalité, et tout cela concerne non pas sa liberté dans le champ des relations vraiment obligatoires, mais sa situation d’indépendance, sa souveraineté et, par voie de conséquence, son aptitude même ».

En d’autres termes, toute marque de souveraineté, pour parler comme Bodin, présuppose une capacité – c’est-à-dire une volonté non contrainte – d’agir politiquement.

C’est dire que tout conflit international politiquement (et non judiciairement ou policièrement) structuré est d’abord ordonné autour d’une politique étrangère qui conçoit ses interlocuteurs sur un pied d’égalité et sur un plan d’égale dignité. Cela suppose évidemment de n’être pas tenu en laisse ou muselé par un souverain plus puissant que soi et dictant sa conduite. En ce domaine, domination et servitude sont deux excès à fuir comme la peste. La France a manifestement fait le choix, depuis quelques décennies, de la seconde. C’est pourquoi tous ses actes de guerre, fussent-ils parés de tous les oripeaux de la « légalité », demeureront toujours illégitimes – comme le sont ceux de cette arrogante et puissante Amérique qui a fait de l’Europe de l’Ouest son condominium exclusif.

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