21 septembre 2016

Belgique : Racisme à tous les étages ?

Par Patrick Sessler

Au début du mois d’août, un adolescent de 15 ans, Ramzi Mohammad Kaddouri, Belge d’origine marocaine, habitant à Genk (dans le Limbourg en Région flamande), est décédé suite à un accident de quad au Maroc. Une information tragique, mais somme toute assez banale. Sauf que les réseaux sociaux se sont un peu emballés, pour preuve une série de messages assez gratinés : « Il était en vacances dans son pays d’origine. Il donne le bon exemple en restant là-bas », « Mieux vaut un qu’aucun », « Si ça, c’est un Flamand, moi je suis Saint-Nicolas », « un Arabe en moins », etc.

Inutile de dire que le ban et l’arrière-ban des politiques et autres donneurs de leçons de morale sont immédiatement montés au créneau. Sven Gatz, le ministre flamand de la Culture et des médias (libéral), parle d’un « racisme dégueulasse et maladif » et ajoute que « ces gens-là doivent se faire soigner ». Du côté socialiste, c’est par la voix de la députée flamande Tine Soens (SP-a) que l’indignation s’exprime : « Comment la mort d’un jeune garçon peut elle engendrer de telles remarques ignobles ? Qu’est-ce qui cloche dans ce monde ? »

Le Ministre président de la région flamande, Geert Bourgeois (de la N-VA, néolibéraux) présente ses condoléances aux parents de la victime et considère que « les commentaires parfois haineux sur les médias sociaux montrent qu’il y a encore beaucoup de travail pour parvenir à une citoyenneté partagée et à une société inclusive. Les personnes qui utilisent un tel langage offensant feraient mieux de se regarder dans un miroir ». D’autres responsables politiques considèrent que « ces réactions sont indignes, dégoûtantes et n’ont pas leur place en Flandre. La société ne peut tolérer un tel racisme » (Zuhal Demir, N-VA), « Nous ne pouvons pas laisser passer ça » (Wim Dries, sociaux-chrétiens).

Comme si le phénomène était inconnu du personnel politique belge. Ont-ils hiberné durant ces cinq dernières années ? Comment ne pas comprendre que les attentats sanglants perpétrés en France et en Belgique par des individus dont le profil est identique et est parfaitement identifié, devaient forcément laisser des traces, voire une haine tenace envers tous ceux qui correspondent au profil. Réflexe assez naturel tout de même. Ces excès s’expliquent pour une part importante par le fait que, dès après l’horreur des attentats, on nous a servi la soupe immangeable du « pas d’amalgame ». Le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas le message qu’attendaient les Belges et les Français.

Dans le cas de ce jeune Belgo-Marocain, la réaction des autorités n’a pas été adéquate. Au lieu de comprendre le message qui montre que le rejet de l’immigration (source d’enrichissement comme on nous le bassine depuis des décennies) est extrêmement profond chez un nombre toujours croissant de nos compatriotes, et selon moi de façon irréversible, il fallait plutôt rappeler les règles fondamentales de la vie en société, sans stigmatiser ou donner des leçons de morale aux autochtones qui n’ont que la parole pour s’exprimer, même si cette parole est fruste et échappe complètement aux codes du « politiquement correct ». D’ailleurs, la plupart d’entre eux ne savent pas qu’il existe des lois antiracistes. Ils pensent de bonne foi qu’en démocratie la liberté d’expression est inconditionnelle et totale. Ce n’est évidemment pas le cas.

C’est ainsi que le commissaire divisionnaire Guido Van Wymersch, chef de corps de la police de Bruxelles, demande à ses agents de police de « partir à la chasse aux racistes » sur Facebook, même en dehors des heures de travail : « La plupart des agents sont présents sur Facebook », « de fait, ils doivent avoir le réflexe de rédiger un procès-verbal lorsqu’ils lisent de tels commentaires, même hors de leurs heures de travail », « aussi bien dans la rue que sur Internet, les gens doivent comprendre que de pareilles réactions sont intolérables et ne peuvent rester impunies », précise le commissaire.

En procédant de la sorte, ce policier ne calme en rien les esprits, au contraire. Pour beaucoup aujourd’hui, la police fait désormais partie du clan immigrationniste, clan désigné à juste titre comme l’ennemi des patriotes.

 

Deuxième acte : les gens du sud ont-ils le sang chaud et peut-on le dire ?

Ce 16 septembre le journal La Dernière Heure titrait : « Dérapage de Marc Delire sur Belfodil : pour un Franco-Algérien, il reste relativement calme. »

De quoi s’agit-il ? Marc Delire est commentateur de match de football et c’est pendant le match d’Europa League entre le Standard et le Celta Vigo, qu’il aurait tenu des propos déplacés. Qu’avait donc pu dire Marc Delire pour que le ciel antiraciste lui tombe sur la tête avec une telle violence ? L’une ou l’autre comparaison animalière ? Non, pas du tout. Le journaliste s’est contenté d’observer qu’un joueur franco-algérien était resté calme, sans doute parce que celui-ci avait des raisons de s’énerver. Pour les antiracistes de service, c’en était trop. Delire suggérait par sa remarque que les « gens du sud » auraient un sang plus chaud que les autres et cela est intolérable et fait preuve d’un racisme absolument scandaleux. Évidemment, si la bien innocente remarque du journaliste sportif déclenche de telles réactions, nous ne pouvons pas être étonnés que dans l’affaire du décès tragique du jeune Belgo-Marocain et des commentaires excessifs sur Internet, un commissaire divisionnaire de la police de Bruxelles se croit autorisé à jouer les Big Brother en suggérant avec lourdeur à ses agents de police de traquer les « déviants racistes » sur Internet pendant leurs heures de repos.

 

Troisième acte : Au Parlement, « Retournez au Maroc »

La Belgique accuse le coup. En quelques jours, plusieurs entreprises déposent le bilan ou se délocalisent. C’est le cas de Caterpillar, géant américain des engins de chantier. Ces milliers de jobs perdus, malgré un investissement public important pour aider cette entreprise (le cynisme des multinationales est sans limite), faisaient débat au Parlement fédéral ce jeudi 15 septembre. La chef de groupe de la SP.a (socialistes flamands) Meryame Kitir avait la parole et critiquait l’action du gouvernement, comme il se doit lorsqu’on est dans l’opposition, lorsque soudain, un certain Luk Van Biesen (libéral flamand), deuxième couteau au sein de son parti, invite Madame Kitir à « retourner au Maroc. »

Les écolos s’en mêlent en affirmant avoir clairement entendu Van Besien prononcer ces mots. L’intéressé nie tout en bloc dans un premier temps. Le président de la Chambre Siegfried Bracke (N-VA) prend la parole pour indiquer que « si les allégations étaient avérées », il considérerait le propos comme « inacceptable » et inviterait l’intéressé à « présenter des excuses. »
Dans un deuxième temps, Luk Van Biesen déclare depuis son siège dans l’hémicycle que « si ses propos avaient été mal compris, il s’excusait ». Dans la soirée les choses s’accélèrent, la présidente des libéraux flamands Gwendolyn Rutten déclare : « Nos députés ont une fonction d’exemple et doivent porter nos valeurs libérales toujours et partout. Il n’y a pas de place pour les mandataires qui ne reconnaissent pas ceci ». Luk Van Besien est sur un siège éjectable.

Le lendemain, penaud, Van Besien se présente à la presse en compagnie de Kitir pour une déclaration commune. Il s’excuse pour tout le mal qu’il a causé, il s’excuse auprès de Madame Kitir et de la communauté marocaine. Il regarde ses chaussures et se tortille les mains, spectacle lamentable pour un homme dans la cinquantaine. Madame Kitir accepte les excuses et annonce qu’ils vont ensemble lutter de toutes leurs forces contre le racisme. Rideau. L’honneur de Madame Kitir et de la communauté marocaine est sauf, Van Besien conserve son mandat et ses petits avantages de parlementaire et le combat antiraciste se trouve renforcé. Tout le monde y gagne semble-t-il. Peut-être pas, parce qu’au-delà de la sortie gaillarde du sieur Van Besien à la Chambre, le fond de son propos concerne le problème de la concurrence des Allochtones par rapport aux Autochtones sur le marché du travail. Avant son aventure et son repentir politico-médiatique, Van Besien aurait pu lancer le débat, maintenant il entre dans les ordres de la religion de l’antiracisme et se retrouve au purgatoire jusqu’à sa retraite parlementaire.

Alors, en Belgique, racisme à tous les étages ? Pas plus qu’ailleurs sans doute. Mais il faut constater une libération de la parole sur les questions d’identité, d’immigration, d’islam, de terrorisme, etc. Nos concitoyens considèrent de plus en plus que l’autorité n’est pas en phase avec ce qu’ils veulent. Sarkozy, qui sait souvent d’où vient le vent, avait bien saisi cela en fustigeant les « arguties juridiques » qui minent l’action de la force publique.

Dire qu’on est en guerre et nous servir du « pas d’amalgame », de la « tolérance » et de l’« ouverture d’esprit » est absolument contradictoire.

Nos compatriotes ont bien compris les enjeux, et beaucoup d’entre eux ont clairement défini l’ennemi. Ils considèrent que chaque musulman est un terroriste potentiel. Le bon sens leur fait tirer cette conclusion au nom du plus élémentaire des devoirs de précaution. Si nos gouvernants se bercent de concepts abstraits, le peuple, lui, vit dans la réalité et c’est sans doute ce qui nous sauvera.

Vous avez aimé cet article ?

EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Partager :