22 décembre 2016

Les vrais répertoires de la rébellion

Par Thierry Bouzard

 

Yannick Noah : le chanteur engagé ne comptait pas renoncer à ses combats malgré les violentes réactions à son endroit, « au nom de sa dignité et de ses enfants ». Et il sortit son artillerie lourde, sa chanson Ma Colère, celle qui a plombé son album sorti en 2014, la semaine où le FN faisait 25 % aux élections européennes. Si sa tournée battait alors de l’aile, sur les plateaux de télévision il n’hésitait pas à regretter la censure à l’encontre de son ami Dieudonné ; un appel du pied pour un duo original ?

La chanson est un domaine stratégique car elle influence l’opinion du public. Dans leur courte étude (100 chansons censurées, éd. Hoebeke, 176 pages, 2014), l’avocat Emmanuel Pierrat et la journaliste Aurélie Sfez, ont joué à se faire peur. En amalgamant quelques chansons censurées au XIXe à d’autres visées au XXe, ils voulaient en faire des chansons anticonformistes et par là même occulter les vrais répertoires de la rébellion, ceux qui ne sont quasiment jamais entendus dans les médias et dont les concerts sont le plus souvent clandestins.

J’ai présenté la diversité de ces répertoires, du grégorien au rap dans l’ouvrage Des Chansons contre la pensée unique (1). L’influence de la chanson sur les foules est aussi soulignée par Éric Zemmour quand il cite le tube de Balavoine, Mon Fils mon amour (1980), comme modèle de composition ayant contribué à la féminisation de la société.

Michel Colleu, grand spécialiste de la chanson de marins, poussa un « coup de gueule » dans l’édition de septembre 2014 de la revue Le Chasse-marée pour alerter sur la relégation du répertoire des authentiques chansons de marins dans les fêtes maritimes. Il avait lui-même organisé le Trophée capitaine Hayet de 1998 à 2002, son appel pour redonner la parole aux « matelots chanteurs » a-t-il été entendu ?

Faute de vente suffisante, les Lundis musicaux du Palais-Royal furent annulés alors que la deuxième saison devait commencer. Malgré des artistes de renommée internationale, la direction invoqua le « contexte socio-économique français très difficile ». L’orchestre national de Montpellier faillit se trouver en cessation de paiement en 2014 à cause du retard de versement de la subvention régionale. Les recettes ne représentaient que 5 % d’un budget de 22 millions d’euros. Le maire parla de la nécessité d’une restructuration comme de trouver de nouvelles sources de financement. La situation était similaire pour l’orchestre de Dijon-Bourgogne, aggravée de relations difficiles entre la ville et l’orchestre pour l’élaboration des programmations.

Si ces artistes connurent (et connaissent encore) des difficultés de financement, ce n’est pas le cas de la richissime héritière Paris Hilton qui, après s’être essayée à la télévision, au cinéma et au disque avec des succès très relatifs, devint le DJ le plus cher de la planète avec jusqu’à 1 million de dollars la soirée ; un talent méconnu ?

Pour ceux qui ne goûtent pas ses programmations tapageuses, l’orchestre symphonique de la garde républicaine s’est produit dans le temps dans la cathédrale des Invalides avec des œuvres de Gabriel Fauré et Maurice Ravel, renseignements www.musee-armee.fr.

Note

(1) éd. des cimes, 322 pages.

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