1 avril 2017

Vercingétorix et son Jules

Par Pierre de Laubier

La Gaule n’était qu’une partie du monde celte, qui allait de l’Atlantique aux Carpathes, et dont une bonne partie était déjà colonisée depuis le IIe siècle avant notre ère, notamment la Narbonnaise, qui s’étendait à l’ouest jusqu’à l’Aquitaine, et au nord jusqu’à Lyon et au lac Léman. Mais César va donner ce nom à la province qu’il conquiert, qu’il distingue arbitrairement de la Germanie, de l’autre côté du Rhin.

Répondant à l’appel des tribus alliées de Rome et notamment des Héduens, César entre en Gaule pour refouler les Helvètes, qui avaient quitté leurs terres pour migrer vers l’ouest. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin : il continue vers le nord, et entame un vaste mouvement tournant qui va le conduire jusqu’aux embouchures de la Seine, de la Loire et de la Garonne. Au passage, il lance des expéditions contre les Belges, les Bretons, les Vénètes, les Aquitains. C’est au moment où il va boucler cette boucle et regagner la Narbonnaise que se produit le soulèvement de Vercingétorix. Les historiens du XIXe siècle ont tant voulu faire de lui le héros malheureux et pittoresque d’une patrie qui n’existait pas encore, qu’ils ont occulté le déroulement réel de la campagne et l’habileté stratégique des deux chefs.

Un fait majeur est que le cœur du soulèvement est l’Auvergne. C’est la position idéale pour couper la route à César. Et si Vercingétorix pratique la tactique de la « terre brûlée », ce n’est pas pour forcer César à quitter la Gaule mais pour l’en empêcher. Contraint à combattre, ce dernier prend Bourges, mais il échoue devant Gergovie.

Cette victoire gauloise entraîne un autre fait majeur : les Héduens, autrefois rivaux des Arvernes et alliés de Rome, se joignent (bon gré, mal gré) au soulèvement. Leur pays correspond à la Bourgogne. Du coup, César n’a pas plus d’autre choix que de remonter encore plus vers le nord. Il ne cache pas que son intention est d’aller lever de nouvelles légions dans la Province, car il est à court de troupes. Il pousse même jusqu’en Germanie pour recruter des auxiliaires. Mais il lui est désormais interdit de traverser le pays des Héduens pour rejoindre la vallée du Rhône.

Que faire ? La campagne contre les Helvètes lui a appris que ces derniers sont des adversaires redoutables. Il va donc tenter de passer entre les deux : par le pays des Séquanes (vieux alliés des Arvernes), l’actuelle Franche-Comté.

De sa défaite à Gergovie jusqu’à sa victoire à Alésia, c’est donc bien César qui est poursuivi par Vercingétorix, et non l’inverse. Vercingétorix cherche constamment à lui couper la route pour l’empêcher d’aller chercher les troupes qui lui permettraient de consolider ses conquêtes. Si bien que lorsque César se trouve sous les murs d’Alésia, c’est lui qui est pris au piège. Il met le siège devant la ville parce qu’il ne peut pas faire autrement. Vercingétorix a choisi, longtemps à l’avance, le lieu du combat.

Reste deux points à établir : où se trouve Alésia, et comment cette place imprenable est-elle tombée ?

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