7 septembre 2017

L’humour sera toujours l’humour

Par Jean-Pierre Brun

 

J’ai souvent eu l’occasion de m’exprimer, tout à fait incidemment d’ailleurs, sur l’humour sans pour autant m’étendre sur la vraie nature et sur les effets bienfaisants de cette forme d’esprit. Qu’est-ce que l’humour ? Tout lycéen de classe terminale en donnait naguère la définition suivante : « L’humour est la politesse du désespoir »

Attribuée à Boris Vian, il semble pourtant qu’elle lui soit antérieure. Il en découle tout naturellement que « le manque d’humour est l’impolitesse de l’espoir. »

Ionesco clôt le débat impérieusement : « Où il n’y a pas d’humour, il n’y a pas d’humanité. »

À bon entendeur, salut !

Harold Mac Millan

Harold Mac Millan

Quoi qu’il en soit, l’erreur à ne pas commettre est de le confondre avec l’esprit ou l’ironie. Prenons l’exemple de Charles de Gaulle auquel certains de ses proches reconnaissaient ce trait. Pour Harold Mac Millan, Premier ministre de sa Gracieuse Majesté, « De Gaulle avait de l’esprit, mais pas d’humour. »

Pour Jean Cau le polémiste, l’ironie était sous-jacente : « L’humour de de Gaulle est un humour royal. Je veux dire qu’il tombe de haut, ne souffre pas la réplique et assomme la victime. »

L’humour est parfois enfant de poème, ainsi pour Jacques Prévert « l’humour est enfant de nos haines ». Dès lors, où mieux que dans le monde politique cet étrange constat est-il le plus révélateur ?

Déjà Danton maîtrisait brillamment l’exercice pour moquer ses vices tout en taquinant le vertueux Maximilien : « Moi vendu ? Les hommes de ma trempe sont impayables. »

Ne dit-on pas encore aujourd’hui que dans les eaux troubles parlementaires « un parfait honnête homme, c’est quelqu’un qui n’a jamais été pris en flagrant délit », ou encore que l’« on rencontre beaucoup de bandits de grand chemin sur les sentiers de la réussite ». Ce qui permet d’affirmer que « dans le domaine judiciaire, si les prévenus l’étaient à temps, le banc des accusés serait souvent vide. »

Face aux palinodies politiciennes (quelques participations surprenantes au premier gouvernement de l’ère Macron, telles celles des de Sarnez, Bayrou, Darmanin, Philippe et autres… en constituent un concentré aussi pimenté qu’exemplaire) je comprends mieux que jamais ce coquin d’Edgar Faure qui confessait benoîtement : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »

De l’incorruptible à l’insubmersible, il y a un pas que Churchill franchit allégrement : « Le succès consiste à aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme » (ce qui me fait irrésistiblement penser à un de nos contemporains béarnais, pas vous ?).

Encore que quelque poissard ne s’en relèvera jamais : « Il était considéré comme un « has been » sans jamais avoir rien été. Ce fut sa seule réussite. »

Mais à en croire l’humoriste, tout n’est pas perdu car « la vie est un brouillon que les nécrologies mettent au propre. »

Et justement pour traiter aimablement des fins dernières de l’homme sur notre vieille terre, qui mieux qu’Alexandre Vialatte ? « L’homme n’est que poussière. On voit là l’importance du plumeau. »

L’humour est aussi une thérapie dans la mesure où, traité avec philosophie, il contribue à éliminer les humeurs atrabilaires causées par autrui. Montesquieu en savait quelque chose lui qui affirmait : « Moi, j’aime l’humanité parce que cela me permet de haïr mon voisin. »

Pour Courteline, un maître en la matière, « passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet », ou encore « s’il fallait tolérer aux autres tout ce qu’on se permet à soi-même, la vie ne serait plus tenable. »

Il est un trait d’humour que j’ai fait mien à chaque publication des listes des nouveaux promus dans l’ordre de la Légion d’honneur : « Les honneurs, c’est comme les bombes, ça tombe rarement sur ceux qui les méritent. »

Michel Audiard l’exprimait à sa façon : « Une paella sans coquillages, c’est un gigot sans ail, un escroc sans rosette. »

Aujourd’hui, la pratique de l’humour est sévèrement encadrée et des esprits retors comme Desproges trembleraient pour leur matricule : « Les lois de l’humour sont très sévères : on ne peut pas se moquer des victimes, des noirs, des homos, des musulmans, des juifs, des handicapés. Moi je dis, de qui se moque-t-on ? »

Personnellement devant le spectacle que nous offre notre société, je me rassure par ce truisme et ce sera le mot de la fin : « À quoi servirait l’intelligence si l’imbécillité n’existait pas ? »

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Philippe Randa,
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