20 juin 2019

L’homéopathie sur la sellette

Par Philippe Joutier

À la demande d’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, l’HAS (La Haute Autorité de Santé) doit remettre son avis le 28 juin 2019 pour permettre au gouvernement de trancher sur la question du remboursement par l’Assurance Maladie de l’homéopathie.

Homeopathie

Un collectif MonHomeoMonChoix fait actuellement circuler une pétition pour défendre cette pratique.

Trois laboratoires sont concernés : Boiron, Lehning et Weleda ; l’avis de la HAS s’appuie sur l’étude de 1 200 médicaments homéopathiques. Il y a deux enjeux : le premier médical, le second économique.

Fondée à la fin du XVIIIe siècle par le médecin allemand Samuel Hahnemann, l’homéopathie repose sur deux idées. La première est de soigner le mal par le mal (ce qu’on appelle la théorie des semblables). On peut rapprocher cette idée de la mithridatisation qui préconise d’ingérer des doses progressives d’un toxique pour développer une résistance. La désensibilisation aux venins utilise ce principe. On peut même y voir une certaine analogie avec la vaccination qui stimule la production d’anticorps à partir d’un virus inactivé.

Dans LOrganon de l’art de guérir, publié en 1810, Hahnemann développe ses théories qui rencontrent d’autant plus d’écho qu’à la même époque, Edward Jenner découvre le principe de la vaccination. Là où Hahnemann devient franchement spéculatif, c’est qu’il affirme un autre postulat : celui des fameuses dilutions. Selon lui, en diluant, re-diluant et sur-re-diluant les substances, on renforcerait leur pouvoir thérapeutique, ce qu’il appelle « potentialisation ».

L’unité de base de sa dilution est le CH (ou centésimal hahnemannien), qui est égal à la dilution d’un volume v d’une substance dans un volume de 99 v d’alcool ou d’eau. On aboutit ainsi à 1/100 de v. Ensuite, on reprend cette dilution de 100 pour la re-diluer encore une fois par 100. Le volume v est alors dilué 10 000 fois. Et ainsi de suite. Une dilution de 6 CH signifiera que le volume v est maintenant dilué de 100 puissance 6, soit… mille milliards de fois !

Mathématiquement, la formule générale est nCH = 1/(100 puissance n) Sachant que l’homéopathie n’hésite pas à aller jusqu’à 30 CH, on imagine ce qu’il reste du principe actif initial !

C’est supposer qu’une seule goutte de quelque chose que l’on verserait à Paris dans la seine soit capable d’activer le contenu d’un verre d’eau que l’on puiserait au milieu de l’Atlantique…

Quant à la fameuse « mémoire de l’eau », hypothèse du chercheur médecin immunologue, Jacques Benveniste, ses résultats n’ont jamais pu être reproduits.

Pour Hahnemann, la substance subsistait sous la forme d’une « force spirituelle dématérialisée ».

Pour l’un des premiers essais cliniques eut lieu en 1835 à Nuremberg, Wilhelm von Hoven, le directeur des hôpitaux de la ville, et Johann Jacob Reuter, le médecin homéopathe de la ville, formèrent deux groupes aléatoirement et donnèrent de l’eau distillée aux uns et de l’eau salée diluée à 30 CH aux autres. Seuls 16 % des participants disaient avoir ressenti des sensations dues à l’ingestion de sel.

Le Conseil médical australien (NHMRC) s’est penché sur toute la littérature existante et a recensé 57 méta-études publiées entre 1997 et 2013 et recouvrant 176 études sur l’action homéopathique réalisées sur 61 maladies ou problèmes de santé. Les effets de l’homéopathie n’ont pas été différents d’un placebo pour tous les problèmes de santé étudiés.

Quant aux 496 publications proposées par les défenseurs de l’homéopathie, 447 ne remplissaient pas les critères requis, étaient sans rapport ou déjà incluses dans le corpus étudié par le NHMRC.

Sur les 49 articles restants, 48 ne satisfaisaient pas aux critères de rigueur requis et présentaient des erreurs. Une seule étude portant sur les infections des voies respiratoires, mais sur un faible nombre de patients, suggérait que l’homéopathie avait été efficace. Le NHMRC conclut qu’il n’existe aucune preuve satisfaisante de l’efficacité de l’homéopathie.

À l’avantage indiscutable de cette pratique, qui à défaut de résultats est du moins sans danger (ceci expliquant sans doute cela), une plus grande écoute des médecins qui s’en réclament et l’opposent à une médecine conventionnelle trop coupée des patients. Une grande étude longitudinale baptisée « EPI3 » et ayant suivi quelques milliers de patients de 825 médecins généralistes sur un an a montré que les médecins homéopathes prescrivaient beaucoup moins de traitements actifs que les praticiens de la médecine conventionnelle, pour un résultat thérapeutique similaire.

La faculté de médecine de Lille a suspendu sa formation et ses diplômes d’homéopathie, mais on compte encore en France une quinzaine de facultés de médecine les proposant et quelque 5 000 médecins homéopathes.

Le second enjeu est économique : les médicaments homéopathiques contrairement aux allopathiques ne sont pas soumis à l’autorisation de mise sur le marché et ne sont donc contraints à aucun essai thérapeutique préalable.

Néanmoins leur « force spirituelle dématérialisée » est aujourd’hui remboursée à hauteur de 30 %. En 2017, le remboursement de l’homéopathie reste néanmoins mesuré, il a représenté 129,6 millions d’euros sur un total de 19,9 milliards pour l’ensemble des médicaments remboursés. Selon le laboratoire Boiron, plus de 1 000 emplois seraient menacés en en cas de déremboursement des médicaments homéopathiques.

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