23 août 2016

Elvis Presley entre Graal et mystères d’Eleusis

Par Nicolas Bonnal

 

Tous les mois d’août, je pense au King, disparu il y a trente-neuf ans maintenant. Il est temps de redécouvrir le King, sa place ayant été prise outre-atlantique par le rap ou par Lady Gaga. Pensant avec nostalgie à cette sympathique culture US, on accompagnera Elvis au cinéma, en particulier à Hawaï, d’où l’on retransmit par satellite son concert de Nouvel An en 1974.

Dans Blue Hawaii (Sous le ciel bleu d’Hawaï), Elvis revenu des armées, célèbre une grand-mère des îles matriarcales, rompt avec son milieu glacé anglo-saxon, épouse une belle métisse franco-hawaïenne, corrige en la fessant une ado éméchée, et fait danser enfin sa cour, les sables et les ondes. Il célèbre même l’appétit d’un de ses copains, un bon gros Hawaïen, dans une chanson nerveuse, drôle et bourrée d’onomatopées (Ito Eats). Elle dure une minute treize, mais c’est souvent en moins de deux minutes qu’Elvis nous transporte dans ses mondes. Les paysages îliens sont ici magnifiquement rendus par le cinematographer Charles Lang qui illumina Peter Ibbetson.

Elvis retrouve Hawaï dans deux autres opus et il y chante le grattage du dos, les chiens gâtés, le bain de minuit ou le pouvoir nourricier de la mer – une belle chanson hauturière et halieutique, Thanks to the Rolling Sea. Humilité et génie aidant, notre troubadour baroudeur des îles retire le suc et la moelle de ce beau monde océanien en voie de plastification. Il célèbre les tambours des îles dans la chanson cosmique Drums of the Islands, qui fait écho au taiko des Japonais et du grand Kurosawa (La Forteresse cachée). Dans tous ces films, on sent que notre rebelle s’entend mieux avec le génie vernaculaire qu’avec la matrice anglo-saxonne (syndrome Gauguin ou Segalen…). Soulignons, à ce propos, un religieux respect pour les fêtes traditionnelles hawaïennes.

Elvis comme talent protéiforme des Temps de la Fin mondialisée s’impose où que ce soit : au Mexique, avec le beau Fun in Acapulco (L’Idole d’Acapulco) dont le message repose sur un plongeon éleusinien ; ou en Allemagne, où son génie s’affirme dans G.I. Blues (Café Europa en uniforme). Là, notre troufion trompe l’OTAN et chante dans un théâtre de marionnettes, comme s’il vivait lui-même le texte de Kleist sur le théâtre ! Il chante avec une poupée, accompagné d’un petit accordéon. C’est la surprenante chanson Wooden Heart (cœur de bois), qui le voit atteindre des sommets de philosophie teutonique avec une aisance alcyonienne. Le rock de Kleist joué avec classe.

Bon sportif, pilote ou boxeur sur commande, Elvis tape sur tout ce qui remue dans le Jailhouse Rock (Le Rock du bagne) (filmé par le grand Richard Thorpe) et il tourna aussi le méconnu Kid Galahad (Un direct au cœur), l’histoire d’un humble champion de boxe, dans une station de montagne. On prit même la peine de nous expliquer la signification du nom de Galaad et des chevaliers de la Table ronde au début de ce drôle de film ! Car notre Elvis est comme celui qui, de la chevalerie, aurait toute la seigneurie. Le début montre notre jeune chanteur assis à l’arrière de son vieux camion, comme notre Lancelot chevalier de la charrette. Le sourcier révèle que l’homme qui n’a rien et se met à chanter est simplement un roi. Elvis Presley, c’était la langue des oiseaux en Technicolor.

Quant à son plongeon initiatique d’Acapulco (Ursula y est encore plus belle que dans James Bond 007 contre Dr No), il est ainsi décrypté par mon maître Magnien dans son classique sur Eleusis (voyez et chargez sur archive.org, p. 292) : « Toute une série de mythes représentent un dieu, ou un homme, ou une femme, sautant de la roche Leucade — parfois on trouve le mot Leucate — dans la mer pour fuir un amour cruel et s’en guérir, comme aussi pour obtenir un amour désiré, et d’autre part pour fuir la vie que l’homme a sur la terre et les défauts de la condition humaine. Or l’initiation sacerdotale, ou l’initiation philosophique, comporte l’abandon de la condition humaine ; mais elle doit donner la faculté d’enseigner et d’initier, et par cela même, nécessite la faculté d’aimer celui qui mérite d’être initié. Dès lors nous pouvons penser que le saut accompli à Leucade est un acte rituel, accompli dans une initiation, puisque la mort ressemble à une initiation. »

À nous de nous replonger dans l’univers de ce dernier barde américain, aux origines française et cherokee !

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